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Dermatose : face à la colère des éleveurs, l'État annonce vacciner près d'un million de bovins
La France s'apprête à vacciner près d’un million de bovins contre la dermatose nodulaire contagieuse, a annoncé samedi la ministre de l'Agriculture. Parallèlement, les éleveurs multiplient les actions de protestation à travers le pays contre l'abattage de troupeaux.
Des agriculteurs bloquent une portion de l'autoroute A64 lors d'une manifestation à Carbonne, dans le sud-ouest de la France, le 12 décembre 2025. © Valentine Chapuis, AFP

Alors que le gouvernement est confronté à une nouvelle vague de colère des éleveurs, l'État français va vacciner près d'un million de bovins contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) durant les prochaines semaines, a déclaré samedi 13 décembre la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard.

La DNC, une maladie virale qui n'est pas contagieuse pour l'homme et se transmet entre bovins ou par la piqûre d'une mouche ou d'un taon, a été détectée pour la première fois en France le 29 juin dernier, dans un élevage de Savoie où plus de 70 bovins ont été abattus.

"Nous allons, dans les semaines qui viennent, vacciner près d'un million d'animaux et donc protéger les éleveurs", a déclaré Annie Genevard lors d'un entretien accordé à Ici Occitanie.

Quelque 3 000 bovins abattus

Vendredi, le gouvernement français a défendu sa stratégie face à l'extension de la dermatose nodulaire contagieuse, soulignant que l'abattage des bovins touchés était la seule solution pour éviter la mort d'au moins "1,5 million" de bêtes.

À ce jour, 3 000 bovins ont été abattus en France. Selon le ministère de l'Agriculture, entre le 29 juin et le 11 décembre, 110 foyers ont été détectés au total dans le pays, avec 75 élevages touchés dans neuf départements : Savoie, Haute-Savoie, Ain, Rhône, Jura, Pyrénées-Orientales, Doubs, Ariège et Hautes-Pyrénées.

Un foyer a également été détecté en Haute-Garonne, a indiqué samedi Annie Genevard, confirmant des déclarations de la Coordination rurale Occitanie. "L'Occitanie est touchée par cette maladie. Nous avons un cas actif, [...] donc ce n'est pas une submersion de la maladie", a-t-elle dit.

En Ariège, ce sont quelque 200 vaches d'une exploitation des Bordes-sur-Arize qui ont été euthanasiées vendredi par les services vétérinaires sous la protection de gendarmes, au lendemain de heurts entre agriculteurs et forces de l'ordre. Un cas de dermatose avait été signalé mardi dans le troupeau.

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Blocages routiers et feux de palettes

Samedi matin, plus d'une dizaine d'agriculteurs en colère contre l'abattage de troupeaux bloquaient au Pays basque une portion de l'autoroute A64, qui est fermée sur 150 kilomètres en direction de Tarbes, selon un journaliste de l'AFP sur place et Vinci Autoroutes.

Une quarantaine de tracteurs et de grosses remorques entravent le passage à hauteur de la sortie de Briscous, à une quinzaine de kilomètres à l'est de Bayonne, tandis que les agriculteurs alimentent des feux de palettes et de détritus.

Au niveau national, les autorités ont recensé samedi matin une petite dizaine de blocages et de tentatives de blocages ainsi qu'une vingtaine de petites actions (feu de paille, banderoles, etc.).

"Il est hors de question que dans le massif pyrénéen on abatte des bêtes qui ne sont pas malades, qui sont saines, parce qu'elles appartiennent à un troupeau d'où, soi-disant, est sortie une bête malade", a déclaré à l'AFP le coprésident de la Coordination rurale des Pyrénées-Atlantiques, Léon Thierry.

"C'est contre-nature. C'est de l'extermination de vaches et de paysans", a-t-il insisté, réclamant des "outils qui permettent de repeupler [les cheptels] lors des crises sanitaires". "Si on sort d'ici sans résultat, demain, on recommence", a averti cet éleveur installé à Guiche, au Pays Basque.

La préfecture des Pyrénées-Atlantiques a signalé que des "centaines de tonnes de déchets, pneus et gravats" avaient été "déversés et incendiés" dans la nuit de vendredi à samedi près de Pau. Deux policiers ont été légèrement blessés en s'interposant contre une "tentative de dégrader les barrières de sécurité de l'autoroute", a-t-elle dit.

Avec Reuters et AFP