
Photo d'archive de Maria Kolesnikova prise le 4 août 2021. Cette figure de l'opposition biélorusse a été libérée le 13 décembre 2025 après une médiation américaine. © Ramil Nasibulin, AP
Levée des sanctions contre libération d'opposants politiques. C'est en substance le "deal" passé entre l'administration Trump et le pouvoir biélorusse après l'annonce samedi 13 décembre, de la "grâce" de 123 prisonniers, dont de nombreuses figures de l'opposition, jusqu'alors enfermées dans les geôles de Minsk.
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a gracié "123 citoyens de différents pays" après ces discussions avec les États-Unis, a annoncé pour sa part sur Telegram le compte Poul Pervogo, affilié à la présidence biélorusse, sans fournir les noms des personnes libérées.
L'ONG de défense des droits humains Viasna a aussitôt précisé que le militant Ales Bialiatski, colauréat du prix Nobel de la paix 2022, et la responsable de l'opposition Maria Kolesnikova, avaient été libérés après des pourparlers entre Minsk et Washington.
Agé de 63 ans, Ales Bialiatski a fondé en 1996 et animé pendant des années Viasna ("Printemps"), le principal groupe de défense des droits humains et source essentielle d'informations sur les répressions dans ce pays d'Europe orientale.
Musicienne de formation, Maria Kolesnikova, 43 ans, a pour sa part été l'une des meneuses des manifestations massives contre la réélection jugée frauduleuse d'Alexandre Loukachenko, en 2020.
Tous deux avaient été arrêtés lors de la répression brutale de ce mouvement de protestation et condamné à de lourdes peines de prison.
Alors qu'il était en détention, le travail d'Ales Bialiatski lui avait valu en 2022 le prix Nobel de la Paix, partagé avec l'ONG Memorial (Russie) et le Centre pour les libertés civiles (Ukraine).
"Je lui ai parlé, il est en route pour la Lituanie, il se sent bien", a déclaré à l'AFP son épouse, Natalia Pintchouk.
Ces libérations font suite à l'annonce par un émissaire américain, John Coale, en visite en Biélorussie, de la levée des sanctions des Etats-Unis sur le potassium, un composant utilisé pour la fabrication d'engrais et dont la Biélorussie est un grand producteur.
Ces derniers mois, Donald Trump a encouragé notamment la Biélorussie à libérer les centaines de prisonniers politiques que compte le pays et le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis plus de 30 ans, a gracié des dizaines de personnes.
En échange, Washington avait déjà partiellement levé les sanctions contre la compagnie aérienne biélorusse Belavia, lui permettant d'entretenir et d'acheter des pièces pour sa flotte, qui comprend des Boeing.
L'émissaire américain John Coale a affirmé samedi que la proximité entre Alexandre Loukachenko et son homologue russe Vladimir Poutine pourrait être utile dans la difficile médiation américaine en cours pour tenter de mettre fin à la guerre entre Kiev et Moscou.
"Votre président (Loukachenko, NDLR) a une longue histoire avec le président Poutine et a la capacité de le conseiller. C'est très utile dans cette situation", a déclaré M. Coale, cité par l'agence de presse étatique biélorusse Belta.
Alexandre Loukachenko, 71 ans, a écrasé plusieurs mouvements de contestation, dont le plus important, en 2020 et 2021, l'avait sérieusement fragilisé, le poussant à appeler à l'aide Vladimir Poutine.
Depuis, Minsk est beaucoup plus dépendant de la Russie, alors qu'auparavant Alexandre Loukachenko avait tâché de trouver un équilibre dans ses relations entre le Kremlin et l'Occident.
Avec AFP
