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Ces albatros menacés d'extinction ont été recensés depuis l'espace grâce à un satellite à très haute résolution

Pour éviter des recherches trop coûteuses et fatigantes dans des lieux reculés du monde, des scientifiques ont décidé de recenser le nombre d'albatros hurleurs et albatros de Stanford à l'aide d'images satellite à très haute résolution.

Aller observer des animaux en voie de disparition de ses propres yeux, c'est tellement overrated. Maintenant, on fait tout à distance, grâce à des satellites super puissants.

On a l'air de se moquer, mais en fait c'est une très bonne idée qu'ont eu ces scientifiques britanniques et néo-zélandais. Dans une étude publiée dans le journal Ibis le 3 mai, les chercheurs expliquent qu'ils ont recensé l'intégralité de deux populations d'albatros grâce à des images d'un satellite à très haute résolution. Ils ont ainsi pu compter les albatros hurleurs sur l'île de Géorgie du Sud au sud-est de l'Argentine, et les albatros de Sanford dans les îles Chatham, au large de la Nouvelle-Zélande.

Pertinence scientifique et réduction des coûts

Ce n'est pas la première fois que des scientifiques observent des espèces en analysant des images satellite. Depuis une quinzaine d'années, plusieurs populations d'animaux ont été surveillées ainsi : la Wildlife Conservation Society a été précurseur en épiant les résidents du Bronx Zoo en 2004.

En 2012, des chercheurs ont observé et compté les phoques de Weddell sur le continent Antarctique. Les images sont d'ailleurs disponibles sur le Web et chacun peut participer et tenter de repérer un phoque qui aurait, sur l'image, échappé à la vigilance des scientifiques.

Comme le raconte The Atlantic, les équipes de cette dernière étude sont déjà allées suivre les albatros sur leurs lieux de vie. Peter Fretwell, l'un des scientifiques, décrit des conditions de travail épuisantes et coûteuses : les îles Chatham et l'île de Géorgie du Sud sont éloignées des côtes, difficiles d'accès, et les animaux compliqués à approcher. Jusqu'ici, ces observations n'avaient pas permis de recensement pertinent des albatros de Sanford, pourtant nécessaire car l'espèce est menacée d'extinction.

Les satellites au secours de la science

La méthode de comptage par satellite a, de son côté, donné de bons résultats grâce à de moindres efforts. Les chercheurs ont utilisé les images du satellite DigitalGlobe WorldView-3. Sa résolution de pointe permet d'observer des objets de 30 centimètres de large, et sa précision n'est pas altérée par le brouillard ou la fumée. Sur les îles, les albatros sont facilement repérables surtout quand ils couvent leurs nids : ils forment une petite tâche blanche sur le fond vert-marron du sol.

"Cette technique constitue une ressource inestimable, qui peut nous donner des informations quasiment en temps réel sur le statut de certaines espèces menacées" , explique Paul Scofield, coauteur de l'étude, à The Independent.

""C'est une drôle de façon d'observer les oiseaux"

"La résolution d'image révolutionnaire de ce satellite nous fait franchir une étape dans le recensement des albatros, ou de grands animaux : on le fait directement depuis l'espace, sans les perturber, à moindre coût et avec un effort logistique minimal."

Il faut aussi remercier le législateur américain : les satellites n'avaient pas le droit de vendre leurs clichés si la résolution des pixels de ceux-ci dépassait 50 centimètres. Depuis une loi de 2015, ce n'est plus le cas, et DigitalGlobe peut fournir en toute tranquillité ses images de qualité aux chercheurs.

L'albatros de Sanford, une espèce menacée

"C'est une drôle de façon d'observer les oiseaux", admet Peter Fretwell à The Atlantic. Mais la technique fonctionne : les chercheurs ont pu recenser les oiseaux, et remarquer que le nombre d'albatros de Sanford avait drastiquement baissé sur l'une des îles Chatham.

"Il y a une grande inquiétude quant à la conservation de cette espèce", confie Paul Scofield à The Independent, "car c'est une espèce d'albatros menacée d'extinction dans le monde". Dans cette zone, il semblerait que la réduction du nombre d'albatros soit dûe à une baisse de reproduction, mais les scientifiques ignorent encore la cause d'une telle tendance.

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