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Affaire Ben Barka : "Nous avons toujours espoir de connaître la vérité"

Quelque 89 documents sur l’assassinat de Mehdi Ben Baraka, le 29 octobre 1965 à Paris, vont être déclassifiés. Une nouvelle occasion, peut-être, pour la famille d'en savoir plus sur les circonstances de la mort de l'opposant marocain.

La vérité sur l’affaire Ben Barka est-elle en passe d’être dévoilée ? La Commission du secret de la défense nationale (CSDN) a autorisé, fin avril, la déclassification de 89 documents se rapportant à l’assassinat de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, le 29 octobre 1965 à Paris. La liste complète de ces textes datant de 1965 et 1966 issus du ministère de la Défense ont été publiés au Bulletin officiel le 4 mai. Parmi ces pièces figurent des rapports, des lettres, des copies de tirages photographiques et de nombreux procès-verbaux.

La requête de déclassification avait été formulée dans le cadre d'une information judiciaire ouverte "contre X pour homicide volontaire et complicité d'homicide volontaire, dont la victime est Mehdi Ben Barka". Interrogé par France 24, Bechir Ben Barka, le fils de l'opposant au roi Hassan II, nous fait part de sa réaction.

Plus de cinquante ans après l’enlèvement de Mehdi Ben Baraka devant la brasserie Lipp à Paris, le 29 octobre 1965, le mystère reste entier sur les conditions de sa mort. Qu’attendez-vous de la déclassification de ces documents ?

Sur le principe, c’est une bonne nouvelle que la Commission du secret de la défense nationale ait donné un avis positif sur la déclassification de ces documents. Mais nous n’avons, pour l’heure, aucune idée sur les informations qu’ils contiennent. Il faut attendre que le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian donne son feu vert, afin que ces pièces soient communiquées au juge d’instruction Me Cyril Paquaux, et que notre avocat puisse les consulter.

Mais nous avons toujours un espoir de connaître la vérité grâce à des documents ou des témoignages. C’est pour cela que le temps presse … cinquante-deux années après, nous ne savons toujours pas ce qu’est devenu son corps, nous ne savons pas où nous recueillir.

En 2010, la Commission avait déjà rendu un avis favorable pour consulter certains documents saisis lors d'une perquisition en 1982 mais le juge d’instruction de l’époque, Patrick Ramaël, avait été" "surpris par la vacuité des documents reçus". Ne craigniez-vous pas d’être une nouvelle fois déçus ?

Cela fait plus de cinquante ans que nous sommes déçus. À chaque fois que des documents ont été déclassifiés, nous avons nourri des espoirs. Nous ne disposons d’aucun écrit ou témoignage qui nous permettrait de comprendre ce qui a pu se passer. Ce n’est pas à moi de faire le travail des enquêteurs. J’espère que, cette fois, nous aurons des réponses.

Comment expliquez-vous que François Hollande, qui avait promis de rendre publics ces documents classés confidentiels, ait attendu la fin de son quinquennat pour le faire ?

Il faudrait poser la question directement aux autorités car nous avons entrepris nos démarches auprès du président de la République et du ministre de la Défense dès 2012. Pour nous, un pas est fait aujourd’hui mais nous n’en connaissons pas la valeur.

La CSDN a néanmoins refusé la levée du secret-défense sur un écrit saisi en 2010 dans les locaux de la Direction générale de la sécurité extérieure. Pourquoi ?

On n’explique pas cette timidité, cette peur de la vérité. Pourquoi nous donne-t-on ces documents au compte-gouttes ? Nous sommes scandalisés par le manque de courage des politiques pour mettre fin à ce dossier de part et d’autre de la Méditerranée.