Avec l’élection d’Emmanuel Macron, seule "la moitié du chemin" a été parcourue, selon un cadre du mouvement rebaptisé "La République en marche". La bataille des législatives dans six semaines s’annonce comme le troisième tour de la présidentielle.
Six semaines. Le soir même de sa victoire, le compte à rebours a commencé pour Emmanuel Macron en vue de son premier défi en tant que président : obtenir une majorité lors des législatives des 11 et 18 juin. Dimanche 7 mai, le président élu n’a pas minoré l’importance de ce qui s’annonce comme le troisième tour de cette présidentielle. "Notre tâche est immense et elle imposera de construire dès demain une majorité vraie, une majorité forte, cette majorité de changement, c'est ce à quoi le pays aspire et c'est ce qu'il mérite", a-t-il déclaré devant des milliers de partisans dans la cour du Louvre. "Cette majorité de changement, c'est cela ce que j'attends de vous dans six semaines, car j’aurai encore et encore besoin de vous", a-t-il ajouté.
Dimanche soir, le député du Finistère et secrétaire général du mouvement En Marche !, Richard Ferrand, a posé l’enjeu encore plus clairement en estimant que seule "la moitié du chemin" avait été parcourue après l’élection d'Emmanuel Macron. "Pour que l'on puisse agir, il va falloir que l'on puisse constituer une majorité à l'Assemblée nationale", a-t-il prévenu.
Rassembler et construire une majorité à partir d’un mouvement politique créé il y a tout juste un an ? La tâche est effectivement "immense"… et le calendrier serré : la date limite de dépôt des candidatures pour les législatives est fixée au 19 mai, la campagne officielle débutant le 22 mai. Emmanuel Macron a d'ores et déjà démissionné de la présidence d’En Marche !, qui a été rebaptisé "La République en marche".
Les 577 candidats du mouvement doivent être investis d'ici jeudi 11 mai. Quel sera le profil de ces candidats dont, à ce stade, seuls 14 sont connus ? Ils seront "pour moitié, issus des rangs politiques, pour l'autre, de la société civile", a précisé Benjamin Griveaux, porte-parole du mouvement. Bien avant son élection, le nouveau président de la République avait également promis que 50 % des candidats seraient des femmes. Juste avant d'être élu, Emmanuel Macron a, en revanche, lâché du lest sur ses exigences quant au profil politique des candidats : quitter leur parti d'origine ne sera pas obligatoire, à condition qu’ils s’inscrivent dans "la majorité présidentielle".
Onze jours décisifs
Les onze jours à venir jusqu'à la date limite de dépôt des candidatures pourraient amorcer une recomposition politique avec de possibles changements d'étiquette. Déjà, Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État chargé de la Francophonie et proche de l'ancien Premier ministre Manuel Valls, a indiqué, dimanche soir, "s'inscrire complètement dans la majorité présidentielle". "Il faut qu'il y ait une gauche qui sache s'ouvrir, qui fasse véritablement des choix clairs", a-t-plaidé. À droite, c’est l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy et François Fillon, Bruno Le Maire, qui a ouvert une porte en déclarant : "Oui, je pourrais travailler dans une majorité de gouvernement".
Mais ces gestes et ces appels du pied ne sont pas encore si nombreux. Et la droite semble vouloir sa revanche après son absence au second tour d'un présidentielle pour la première fois depuis 1958. Dans un communiqué, Les Républicains ont déjà présenté les élections législatives comme "la mère des batailles". François Baroin, chef de file désigné de LR et de l'UDI pour les législatives, a fixé l'objectif d'une cohabitation. Après la sortie de Bruno Le Maire dimanche soir, il a aussitôt prévenu ce dernier qu'il serait confronté à un candidat LR aux législatives s'il entrait dans le gouvernement d'Emmanuel Macron.
L'extrême droite est aussi candidate pour prendre le leadership de l'opposition avec, en embuscade, la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon, qui a affirmé que les Français n'étaient pas "condamnés" au programme du "nouveau monarque président". Le PS, principal parti de l'Assemblée sortante, mais balayé de la présidentielle avec les 6,36 % de Benoît Hamon, apparaît, lui, plus menacé que menaçant.
Les élections législatives doivent montrer qu'après un vote de refus et de peur, il est temps de faire un choix positif. #DirectJLM
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 7 mai 2017Si l’on en croit les premiers sondages sur les législatives, l’objectif d’Emmanuel Macron d’obtenir une majorité, même relative, à l’Assemblée n’est pas hors d’atteinte : le mouvement d'Emmanuel Macron arrive en tête des intentions de vote pour le premier tour des élections législatives le 11 juin, selon deux sondages Kantar Sofres-Onepoint et Harris Interactive publiés dimanche soir. En Marche ! recueillerait ainsi entre 24 % et 26 % des intentions de vote, devant Les Républicains (22 %), le Front National (21 à 22 %), la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon (13% à 15 %) et le PS (entre 8 et 9%). Mais un sondage Kantar Sofres OnePoint révèle aussi que près d'un Français sur deux (49 %) souhaite une cohabitation.