Au menu de cette revue de presse française du mardi 2 mai : les fractures apparues à l’occasion des défilés du 1er-Mai sur fond de duel à distance entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, et les questions sur la stratégie à adopter face au Front national.
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À la une de la presse française, les divisions apparues à l’occasion de la Fête du travail, sur fond de campagne présidentielle.
Défilés syndicaux parfois chaotiques, en ordre dispersé, démonstrations de force des partisans d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen... Le Parisien évoque «un pays morcelé et sous tension», une France «déchirée», «éparpillée façon puzzle», loin de l’unité affichée il y a quinze ans, lorsque Jean-Marie Le Pen s’était qualifié au second tour. Fini, le «front républicain» contre l’extrême-droite, envolé, le front syndical. «La bataille contre la loi travail a laissé des traces», d’après l’historien du syndicalisme Stéphane Sirot, qui explique qu’il est difficile pour certains syndicats comme la CG, d’appeler à voter pour «celui qui symbolise cette loi», Emmanuel Macron. D’autant que ce dernier promet de réformer le Code du travail par ordonnances s’il est élu. Si tous les syndicats appellent à «faire bloc» contre le Front national, pas question d’offrir un chèque en blanc à Emmanuel Macron, prévient L’Humanité, qui voit aussi dans la mobilisation d’hier un «avertissement» lancé au candidat.
Emmanuel Macron a répété qu’il ne renoncera pas à sa réforme du Code du travail, «douchant» ainsi les espoirs de la France Insoumise, qui lui avait demandé d'y renoncer. Néanmoins, le patron d’En Marche aurait accepté de d’envoyer «quelques signes à sa gauche» d’après l’Obs. Emmanuel Macron s’est en effet engagé à «répondre» à «la colère des Français» en promettant de recevoir et de se concerter avec «toutes» les organisations syndicales et patronales, s’il est élu. «Notre projet protègera par des règles décidées au plus près du terrain, par des artisans du dialogue social, dans le cadre d’une République contractuelle à laquelle je crois». Emmanuel Macron ferait plus que jamais «le pari du centre-droit», estime L’Opinion. Le journal publie un dessin de Kak le montre marchant sur l’eau, ou presque, soutenu par François Bayrou et Jean-Louis Borloo. À en croire les sondages, cette stratégie «centriste» pourrait s’avérer gagnante face à Marine Le Pen. D’après Le Figaro, l’ex-ministre de l’Economie recueillerait 59% des intentions de vote, contre 41% pour la candidate du Front national.
Emmanuel Macron a aussi fait le choix de la confrontation directe avec le FN. «Oradour-sur-Glane, Mémorial de la Déportation et [commémoration de] la mort de Brahim Bouarram, tué en marge d’un défilé du Front national, il y a plus de vingt ans» : le candidat aurait choisi de « dramatiser l’enjeu de son duel avec Marine Le Pen», avance Le Figaro. Le journal se dit «surpris» par cette dramatisation «qui rime avec rediabolisation», «dans la mesure où le PS lui-même avait conclu à l’échec de cette stratégie». «Alors que le propre de la campagne d’Emmanuel Macron fut d’être audacieuse et offensive, le retour aux symboles de l’Histoire a un côté défensif», écrit le journal, «comme s’il fallait éviter la confrontation sur le fond des projets actuels».
Alors que Le Figaro met en garde contre « les limites d’un discours purement moral pour faire reculer le FN», Libération reste fidèle à la ligne choisie il y a quinze ans, au moment de l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle. «Pourquoi c’est toujours non», titre le journal, avec un numéro spécial de 16 pages «anti-FN». «On s’habitue à tout et on a grand tort», explique Libé. «Depuis plus de trente ans, le Front national fait partie du paysage de la France, dans sa partie brune. Si bien que l’indignation des débuts fait place à une sourde réprobation, qui endure le mal faute de pouvoir le réduire», «comme si le poison était éventé, comme si le danger était moins fort à 40 % pour la fille, qu’à 20 % pour le père. Comme si le FN faisait moins peur en se rapprochant du pouvoir».
Marine Le Pen qui a répété mot pour mot, hier, des passages entiers du discours de François Fillon au Puy-en-Velay, le 15 avril dernier. Le discours du candidat malheureux de la droite n’est «vieux que de 15 jours, mais est déjà en passe d’entrer dans la postérité», ironise Le Monde, qui rapporte cette explication du directeur de campagne de Marine Le Pen, David Rachline : si la candidate s’est généreusement inspirée de François Fillon, c’est, dit-il, «un clin d’oeil assumé à un bref passage touchant d’un discours sur la France, d’une candidate de rassemblement qui montre qu’elle n’est pas sectaire». Une explication répétée mot pour mot par le vice-président du FN, Florian Philippot. «Mais cette fois, impossible de savoir qui a copié l’autre», s’amuse Le Monde.
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