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L'ex-président libérien Charles Taylor de nouveau face à ses juges

Le procès de l'ex-président du Liberia Charles Taylor, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, a repris, ce lundi, devant le tribunal spécial pour la Sierra Leone, délocalisé à La Haye pour raisons de sécurité.

REUTERS  - Vingt-quatre heures avant que l'ex-président libérien Charles Taylor vienne lui-même se justifier à la barre du Tribunal spécial pour la Sierra Leone, ses avocats ont amorcé lundi son système de défense en arguant qu'il a voulu favoriser la paix et non encourager les exactions commises chez son voisin.

Taylor est sous le coup de 11 chefs d'accusation, dont incitation au meurtre, au viol, à la mutilation, à l'enrôlement d'enfants soldats et à l'esclavage sexuel durant les guerres du Liberia et de Sierra Leone, au cours desquelles plus de 250.000 personnes ont péri entre 1991 et 2002.

Son avocat Courtenay Griffiths a déclaré lundi aux juges qu'il ne contestait pas "la réalité des terribles atrocités commises en Sierra Leone" mais qu'il s'agissait d'établir "qui en porte la plus grande responsabilité, ayant en l'esprit que Taylor a tenté d'aboutir à la paix".

Les procureurs accusent l'ancien président d'avoir téléguidé lui-même les rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire unifié (Ruf), tenus pour responsables de ces exactions contre des civils, dans le but de déstabiliser le gouvernement de Freetown et de mettre la main sur les mines de diamant du pays.

Avant que la défense n'entame ses plaidoiries, le procureur Stephen Rapp s'est dit lundi "satisfait de l'ampleur et de la force des témoignages" présentés ces derniers mois par les 91 témoins cités par l'accusation.

Culpabilité non acquise ?

Griffiths a affirmé qu'une "accusation avide de revanche" avait cité des témoins qui se sont bornés à détailler les crimes au lieu d'essayer de prouver que Taylor en était responsable, ajoutant que celui-ci aurait l'occasion de se disculper lui-même dans les semaines à venir.

Taylor, qui a comparu lundi en lunettes noires et vêtu d'un costume gris, est jugé depuis juin 2007 à La Haye dans une salle mise à la disposition du Tribunal spécial sierra-léonais par la Cour pénale internationale (CPI). Il est jugé hors du Liberia pour éviter que les débats n'y provoquent des violences.

Le tribunal a rejeté en mai une requête de la défense en faveur de l'acquittement pur et simple de Taylor, notant que l'accusation avait produit suffisamment de preuves pour étayer sa culpabilité, tout en assurant qu'un tel verdict n'était pas acquis d'avance.

"Le procès de Charles Taylor donne aux victimes des exactions haineuses commises en Sierra Leone une occasion importante de voir que justice est faite", a estimé Elise Keppler, une avocate en vue des droits de l'homme.

Mais elle a ajouté qu'une "défense vigoureuse" de l'accusé était essentielle pour lui "assurer un procès équitable et crédible".

Pour Griffiths, la venue à la barre de Taylor "est la première et peut-être l'unique chance de fournir sa propre version" des faits.