
Promis à un poste de Premier ministre si Marine Le Pen est élue présidente, Nicolas Dupont-Aignan n'a pourtant pas toujours été tendre avec l'ex-présidente du FN. De vieux tweets témoignent de ce revirement.
Marine Le Pen a déclaré, samedi 29 avril, qu’elle nommerait Nicolas Dupont-Aignan Premier ministre en cas de victoire le 7 mai. Mais ce ralliement est loin de faire l’unanimité au sein du parti Debout la France, dont les 4,7 % de suffrages obtenus au premier tour de l’élection présidentielle seraient une aubaine pour Marine Le Pen.
Dès l'annonce du candidat déchu, vendredi soir, deux des lieutenants de Nicolas Dupont-Aignan, Dominique Jamet, vice-président de Debout la France, et Éric Anceau, responsable du projet présidentiel, ont annoncé qu’ils quittaient le parti à la suite de ce ralliement.
La position de Nicolas Dupont-Aignan est d’autant plus délicate que, depuis cette annonce, les internautes exhument nombre de ses tweets et messages passés dans lesquels il affiche clairement son opposition à l’extrême droite et au projet du Front national.
Nicolas Dupont-Aignan s’en était notamment pris à plusieurs reprises à Florian Philippot, vice-président du FN et qui se revendique "gaulliste", l’accusant de trahir l’héritage du général de Gaulle.
"Un excellent Premier ministre"
Le vice-président du FN ne lui en a pas tenu rigueur et a préféré qualifier vendredi le ralliement de Nicolas Dupont-Aignan de "tournant fondamental dans la campagne". "Ce soutien est important parce qu'il démontre qu'au-delà de notre parti, il y a beaucoup de patriotes qui sont en train de réfléchir et de se dire qu'il faut faire barrage au candidat qui incarnerait la continuité de François Hollande, en pire", a-t-il argumenté sur Europe 1.
Robert Ménard, maire de Béziers et proche du Front national, s’est, lui aussi, enthousiasmé de cette alliance. Interrogé samedi matin sur France Info, il a considéré que Nicolas Dupont-Aignan "ferait un excellent Premier ministre de Marine Le Pen" et dit espérer que d’autres personnalités de droite, telles que Philippe de Villiers apporteront leur soutien à Marine Le Pen au cours des prochains jours.
Condamnations de la classe politique
Plusieurs politiques ont en revanche condamné cette alliance. Sur son blog, Alain Juppé a dénoncé la "trahison" de Nicolas Dupont-Aignan. Jean-François Copé, député-maire LR de Meaux et ancien président de l'UMP, évoque, lui, "une immense faute à la fois politique et morale". "Dupont-Aignan : qu'on ose se dire gaulliste en faisant un tel choix, immense honte !", a affirmé sur Twitter le maire de Pau et président et président du Modem, François Bayrou.
Le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, a, de son côté, pointé une manoeuvre "pitoyable". "Je pense que c'est de l'opportunisme, politique [...] mais aussi de l'opportunisme financier. N'ayant pas atteint les 5 % des voix, il a dû passer un accord financier avec le FN", a-t-il estimé, samedi, sur Europe 1.
Alors qu'il tenait un meeting à Châtellerault, dans la Vienne, vendredi soir, Emmanuel Macron a, lui aussi, raillé Nicolas Dupont-Aignan sur ce sujet. "Depuis ce soir, Nicolas Dupont-Aignan est clair – ne l’applaudissez pas, ne le sifflez pas non plus – mais il manifeste, sans doute les finances d’une campagne présidentielle aidant, la nécessité de s’adosser à un autre parti."
En effet, avec 4,7 % des suffrages obtenus lors du premier tour de l'élection présidentielle, le président de Debout la France se trouve juste en dessous de la barre fatidique des 5 %, à partir de laquelle l'État rembourse les frais de campagne d'un candidat à hauteur de 47,5 %. Les candidats ayant obtenu moins de 5 % des suffrages ne bénéficient qu'un remboursement de 4,7 %. Une alliance avec le Front national mettrait donc Debout la France à l'abri de difficultés financières.
Indignés par le ralliement de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen, plusieurs centaines de personnes ont également manifesté, samedi, dans la ville de Yerres, en Essonne, dont il est maire, au cri de "Dupont la haine" ou "Dupont démission". Une nouvelle manifestation est prévue dimanche à 15 h.