Interrogé par la Voix du Nord sur la délocalisation de l'usine Whirlpool d'Amiens, Emmanuel Macron s'est prononcé en faveur de "sanctions" européennes contre la Pologne. Une sortie qui a fait réagir Varsovie qui juge cette déclaration "malvenue".
Emmanuel Macron s'est dit favorable à des "sanctions" européennes contre Varsovie dans une interview accordée à la Voix du Nord et publiée jeudi 27 avril. Une déclaration qui intervient alors que le dossier de la délocalisation de l'usine Whirlpool d'Amiens en Pologne s'est retrouvé sur le devant de la scène à l'occasion de visites parallèles à Amiens, mercredi, d'Emmanuel Macron et de son adversaire à l'élection présidentielle, Marine Le Pen.
"Je ne poursuivrai pas l'Europe comme elle est", a expliqué le candidat d'En Marche!, accusé par sa rivale d'extrême-droite d'être le candidat de la "mondialisation sauvage". Il défend notamment sa proposition d'harmonisation fiscale et sociale dans l'Union européenne.
Emmanuel Macron juge qu'il ne peut y avoir de pays "qui joue des écarts fiscaux sociaux au sein de l'Union européenne et qui est en infraction de tous les principes de l'Union". "J'ai toujours défendu l'Europe dans cette campagne tout en disant que je voulais une autre Europe, une Europe qui protège (...) Je ne céderai rien. Ceux qui ne l'ont pas compris ne me connaissent pas", affirme-t-il.
"Je mets ma responsabilité sur la table sur ce sujet"
S'il reconnaît que des sanctions ne sont pas possibles sur un éventuel dumping social, le candidat réclame des poursuites inédites de l'UE, via l'article 7 du traité de l'UE. Cet article prévoit la possibilité de suspendre le droit de vote d'un pays au Conseil (l'instance de l'Union où sont regroupés les États membres) quand une "violation grave et persistante" de l'État de droit est constatée.
"Je veux qu'on regarde le cas de la Pologne dans son intégralité. Et que sur les sujets des droits et des valeurs de l'Union européenne des sanctions soient prises", soutient le candidat à la présidentielle.
"Sur le dossier de Whirlpool, dans les trois mois qui suivront mon élection, il y aura une décision prise sur la Pologne. Je mets ma responsabilité sur la table sur ce sujet", assure-t-il.
"Nous ne sommes pas d'accord pour que la Pologne soit utilisée ainsi dans la campagne électorale en France", a réagi le porte-parole du gouvernement polonais Rafal Bochenek, dans la nuit de jeudi à vendredi, à l'agence nationale PAP. "Le fait que des sociétés décident de transférer leurs filiales des bords de la Seine en Pologne prouve que la Pologne est un État qui crée des conditions favorables aux entrepreneurs", a ajouté le porte-parole polonais qui juge la déclaration d'Emmanuel Macron "malvenue".
"Ce genre de propos montre que des tendances protectionnistes sont toujours présentes au sein de l'UE, tendances qui affectent négativement le développement du marché libre et vont clairement à l'encontre des valeurs qui doivent être à la base de la construction de l'UE", estime Rafal Bochenek.
Avec AFP