Au menu de cette revue de presse française du jeudi 27 avril : la visite quasi-simultanée d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen à l’usine Whirlpool d’Amiens, le vote des forces de l’ordre, le silence de Jean-Luc Mélenchon. Et celui de l’Église.
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À la une de la presse française, la visite, hier, d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen, à l’usine Whirlpool d’Amiens, en Picardie. Le site est menacé de fermeture, entraînant la suppression de 290 emplois, qui doivent être délocalisés en Pologne, préférée pour ses avantages fiscaux et sa main d’œuvre bon marché. Alors que la ville peine à se remettre de la fermeture de Goodyear, les syndicats accusent le groupe américain de délocaliser sa production de sèche-linges uniquement pour les profits. Le dossier est explosif, et a donné lieu à une «incroyable bataille à distance» entre les deux candidats, d’après 20 minutes, qui raconte comment leur rencontre avec les salariés a tourné au «coup de com’», au «coup de show». Marine Le Pen a décidé de s’inviter par surprise sur le parking de l’usine, au moment même où Emmanuel Macron était en train de rencontrer les délégués du personnel, provoquant «la contre-attaque immédiate» du candidat d’En Marche!, qui s’est rendu au même endroit. Larges sourires et selfies pour l’une, sifflets, huées, chahut pour l’autre. «Je ne suis pas venu pour les selfies, mais pour trouver des solutions», s’est défendu le candidat d’En Marche!
Entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, «la guerre est déclarée», annonce Libération, qui relève à quel point «tous les symboles (sont) réunis (à Amiens) pour alimenter la rhétorique européenne, anti-mondialisation et anti-marché». Mais «au-delà des symboles, encore faut-il trouver des solutions», et «celles de Marine Le Pen, si elles répondent à des affects, n’aideront en rien les salariés de Whirlpool», assure Libé. La visite éclair de Marine Le Pen ne règlera sans doute pas les problèmes des salariés des Whirlpool, mais elle a obligé Emmanuel Macron à «une confrontation musclée», d’après L’Opinion, qui montre la patronne du Front national ravie d’avoir éprouvé son rival : «À 1400 tours minute, ça devrait bien l’essorer».
Certaines études laissent penser que la candidate du FN serait majoritaire chez les forces de l’ordre. Le Figaro rappelle qu’un sondage publié en janvier dernier indiquait que le Front national progressait chez les fonctionnaires, en particulier dans la police et l’armée, où les intentions de vote auraient atteint 51,5%, contre environ 30% en 2012. Le journal évoque une enquête «sujette à caution», dans la mesure où celle-ci mélangerait « la population des policiers et celle des militaires alors qu'elle ne recouvre pas la même réalité sociologique». Le journal rapporte aussi que la Direction générale de la gendarmerie nationale conteste également les résultats d’une autre étude, publiée le 19 avril selon laquelle «les gendarmes éliraient dès le premier tour Marine Le Pen à 51 %». Cette enquête a en effet été menée sur un échantillon 588 personnes seulement, qui se seraient manifestées spontanément sur Internet, sans que rien ne garantisse leur qualité de gendarme, tout en offrant la possibilité pour les personnes interrogées de «répondre plusieurs fois au même questionnaire».
À la une également, le refus de Jean-Luc Mélenchon de dévoiler son choix pour le second tour. Le Parisien accuse le candidat de la France Insoumise de jouer «l’apprenti sorcier», de laisser ses électeurs «à la portée de Marine Le Pen». Alors que les porte-parole de son mouvement déclarent que «pas une seule voix ne doit aller à Marine Le Pen», leur patron laisse planer le doute, au grand mécontentement du Parisien, qui s’interroge sur la raison de son silence. «Réaction d’orgueil ou calcul politique», cette défection «tombe mal», critique le journal. «Où est passé le tribun? Le rhéteur infatigable? Le tchatcheur de la campagne électorale? Il est sans voix, sans mots, comme atteint d'aphasie», regrette L’Obs, en évoquant un responsable «blessé dans son orgueil, submergé par sa noire colère et happé par ses démons». «L'incorruptible youtubeur qui se rêve en Robespierre patronnant les débats de sa constituante, repoussant les ennemis de la République que sont à ses yeux les eurocrates et les suppôts du capitalisme et érigeant la "règle verte" en nouveau culte de l'Être suprême, refuse de choisir. Et ce faisant, il choisit». Ses électeurs, eux, se disent tiraillés entre un vote pour Macron «à contrecœur», le vote blanc ou le vote Le Pen «pour le choc». Dans Le Monde, plusieurs partisans de la France insoumise déclarent «ne pas vouloir choisir entre la peste et le choléra», d’autres expliquent leur refus de se rallier à Emmanuel Macron, parce que Macron, «c’est Le Pen dans cinq ans».
Jean-Luc Mélenchon n’est pas le seul à se taire, rappelle L’Obs, qui critique également la décision de l’Église de renvoyer dos à dos Emmanuel Macron et Marine Le Pen, en n’appelant pas explicitement à voter pour l’un ou pour l’autre, contrairement à 2002. À l'époque, le président de la commission sociale de l’épiscopat français déclarait qu’«aucun catholique clairvoyant ne (pouvait) voter Le Pen, héritier d’une tradition totalitaire et antichrétienne». «Aujourd’hui, la Conférence des évêques refuse de trancher, ce faisant, elle laisse le champ libre à sa frange la plus active bien que très minoritaire de la Manif pour tous, qui appelle à s’opposer à Emmanuel Macron, qualifié de 'candidat ouvertement anti-famille'».
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