
La Commission de la condition de la femme des Nations unies accueillera à partir de 2018 l'Arabie saoudite dans ses rangs, suite au vote de ses 45 pays membres, a révélé l'ONG UN Watch, samedi. Un choix incompris et discuté sur les réseaux sociaux.
"C’est comme désigner un pyromane, chef des pompiers de la ville", résume Hillel Neuer, président de l'organisation non gouvernementale UN Watch. Son ONG a révélé dans un communiqué samedi 22 mars, que les Nations unies avaient ouvert les rangs de l’une de leurs commissions consultatives à l’Arabie saoudite : la Commission de la condition de la femme, censée être "dédiée à la promotion de l'égalité des sexes et l’autonomisation des femmes", nous explique le site de l’ONU. Sérieusement ?
Comme le rapporte l’ONG UN Watch, au moins 15 des 45 États membres qui composent cette commission ont voté à bulletin secret pour inclure la monarchie du golfe. Et parmi eux cinq membres de l'Union européenne... mais pas la France, a confirmé une conseillère du ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault au Canard Enchaîné.
L'Arabie saoudite rejoint ainsi cet organe intergouvernemental à compter de 2018 et jusqu’à 2022.
"Je suis Saoudienne et je me sens trahie"
Douze autres pays ont également été désignés pour les quatre prochaines années : l’Algérie, l’Irak, le Congo, le Ghana, le Kenya, les Comores, le Turkménistan, l’Équateur, le Nicaragua, Haïti, le Japon et la Corée du sud.
Sur les réseaux sociaux, la nomination de la monarchie est contestée. "Je suis Saoudienne et je me sens trahie", a notamment réagi une jeune femme sur Twitter. "Le monde devient subitement sourd et aveugle lors qu’on parle de l’Arabie saoudite, le pétrole passe en priorité", répond un autre internaute.
No shame. https://t.co/yXMP640yTA
— Hillel Neuer (@HillelNeuer) 24 avril 2017
@khuludAu @HillelNeuer @UN_CSW @UNECOSOC The world suddenly becomes dumb and deaf when it comes to saudi. We know the horrid reality that is (oil must come first...)
— Iman (@1GodlessWoman) 23 avril 2017
Donc à l'ONU ils mettent l'Arabie Saoudite à la commission des droits des femmes je crois il est vraiment temps de quitter cette planète
— Am' | Beautiful ones (@feltonewt) 24 avril 2017
Encourager les activistes féministes ?
Rappelons qu’en Arabie saoudite, pays du wahhabisme où règne une interprétation particulièrement conservatrice de l’islam, seules 13% des femmes travaillent, d'après les statistiques nationales de 2015. Considérées comme des mineures, elles sont placées sous la tutelle, d’un mahram – leurs pères, leurs frères ou leurs maris –dont elles doivent avoir, notamment, l’autorisation pour voyager. L’Arabie saoudite est également le seul pays du monde où les femmes n’ont pas le droit de conduire, ce contre quoi de plus en plus de femmes s’élèvent. Certaines avaient par exemple lancer le mouvement #RésisterEnMarchant sur les réseaux sociaux. Quant au droit de vote, il leur a été accordé seulement en 2015.
Et s'il fallait voir dans cette initiative une sorte d'encouragement pour continuer à faire évoluer les mentalités dans le pays ? L’ONU n'a pas encore réagi officiellement, mais l’administratrice du programme de développement des Nations Unies, Helen Clark, interpellée sur son compte Twitter, a apporté sa vision des choses : "C’est important de soutenir ceux qui dans ce pays, travaillent à amorcer le changement pour les femmes. Les choses changent doucement", a-t-elle affirmé.
@PaulinaProvidas @HillelNeuer It's important to support those in the country who are working for change for women. Things are changing, but slowly.
— Helen Clark (@HelenClarkNZ2) 24 avril 2017
Classé 140e sur 144 pays, par le Global Gender Gap Index du Forum économique mondial en 2016, le pays avait récemment été au cœur d’une polémique. À l’occasion d’une session de discussion sur le féminisme mené par le Conseil des filles dans la province d’Al Qassim, au nord-ouest de la captiale Riyad, le "débat" avait été immortalisé dans une photo symbolique : sur scène, une rangée d’hommes et pas l’ombre d’une femme... En fait, ces dernières étaient bien présentes, comme l’a révélé le Washington Post. Elles étaient seulement dans une autre salle… la mixité étant interdite.
Satire? Comedy? No. This is actually happening: The very first meeting of the first "Girls Council" in Saudi Arabia... with ZERO girls. pic.twitter.com/MPmHsr9FCO
— Sarah Abdallah (@sahouraxo) 13 mars 2017
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