Alice Weidel mènera la campagne pour le parti anti-migrants, Alternative für Deutschland (AfD,) lors des élections générales de septembre 2017. À peine arrivée à la tête du mouvement, elle est présentée à tort comme son visage respectable. Portrait.
Une femme chasse l'autre à l'Alternative für Deutschland (AfD), le parti populiste anti-migrants allemand. À peine Frauke Petry, qui a incarné le virage très à droite du mouvement, a-t-elle annoncé renoncer, dimanche 23 avril, à mener la bataille des législatives de septembre, que sa remplaçante est entrée en scène. Alice Weidel sera la colistière d’Alexander Gauland, cofondateur de l’AfD, pour les élections générales de septembre 2017.
Cette jeune femme de 38 ans a tout, ou presque, pour faire oublier aux électeurs allemands les dérives ultra-droitières de son colistier. Homosexuelle qui élève ses deux fils avec sa compagne dans une petite ville à la frontière suisse, elle ne défend pas la vision très traditionnaliste de la famille chère à Alexander Gauland et qui a longtemps été promue par sa prédécesseure Frauke Petry. D'après le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung, la plupart des propos et des écrits d’Alice Weidel ne "détonneraient pas dans les pages commentaires d’un journal conservateur et libéral".
Six ans en Chine
Économiste de formation, elle appartient au cercle de plus en plus restreint d’universitaires qui ont rejoint, à l’origine, l’Alternative für Deutschland pour des raisons avant tout économiques. Critiques des plans de sauvetage européen pour la Grèce, plaidoyer pour la mise à mort de l’euro : tels étaient les arguments de vente de l’AfD avant son plongeon dans le grand bain du populisme anti-migrants.
Ce virage a fait fuir bon nombre des militants des débuts. Pas Alice Weidel. Cet entêtement à rester au sein du mouvement paraît d’autant plus surprenant que la jeune politicienne ne rate pas une occasion de souligner son "libéralisme", au sein d'un parti au conservatisme des plus durs. Après avoir fait ses premières classes chez Goldman Sachs, elle a vécu six ans en Chine où elle a travaillé notamment avec la Bank of China, et appris le mandarin.
À son retour, elle a fondé un cabinet de conseil pour jeunes pousses, souvent de l’Internet, afin de les accompagner dans leur croissance. Un travail qui l’amène à sillonner le monde et lui a inculqué, d’après ses dires, une certaine ouverture d’esprit à l’égard des cultures étrangères. Avec un tel pédigree, qu'a bien pu être allée chercher Alice, au pays des anti-migrants ?
Hostile aux migrants
En fait, elle est parfaitement au diapason de son parti sur un thème phare : l’immigration. Si certains médias aiment à retenir avant tout son côté Dr Jeckyll libéral, d’autres s’intéressent davantage à la Miss Hyde qu’elle ne dissimule même pas sur les réseaux sociaux. Sa page Facebook est remplie de messages hostiles à l’égard des migrants. Sur Facebook, la nouvelle femme forte de l’AfD dénonce des émigrés turcs qui veulent imposer la sharia en l’Allemagne, et qualifie de "bêtise sans limite" une opération européenne de sauvetage de migrants aux abords des côtes africaines.
Elle veut aussi à tout prix "protéger l’identité allemande" qui serait mis à mal par la prétendue politique pro-migrant de la chancelière Angela Merkel. Après l’attentat contre le marché de Noël de Berlin en décembre 2016, Alice Weidel avait appelé le gouvernement à protéger "toutes les célébrations chrétiennes avec des policiers armés de fusils mitrailleurs".
Pour le Huffington Post allemand, la colistière d’Alexander Gauland pousse encore plus le parti vers l’extrême-droite que Frauke Petry, et son vernis libéral devrait de plus en plus se craqueler à l’approche des législatives, en septembre 2017.