Alors que le congrès des populistes allemands de l'AfD s'est ouvert samedi, à Cologne, des milliers de manifestants ont tenté de perturber la tenue de cette réunion. En baisse de popularité, le parti fait également face à des tensions internes.
Plusieurs milliers de manifestants ont tenté, samedi 22 avril, de parasiter la tenue du congrès des populistes allemands de l'Alternative für Deutschland (AfD), qui se tient sous une très haute protection policière dans un hôtel du centre de Cologne (ouest) jusqu'à dimanche.
Des échauffourées ont éclaté dans la matinée avec les forces de l'ordre lorsque des manifestants ont essayé de bloquer le passage des membres du parti. Un policier a été légèrement blessé au visage et un homme a été arrêté dans la foulée.
Luttes intestines
Au total, quelque 50 000 manifestants, encadrés par 4 000 officiers de police, sont attendus ce week-end. L'an passé à Stuttgart, des heurts attribués à l'extrême gauche avaient éclaté.
Cette réunion de l'AfD, privé de chef indiscutable et empêtré dans des luttes internes, est censée résorber la fracture entre les "réalistes" du parti voulant rompre avec les discours réputés d'extrême droite, et les tenants d'une ligne plus dure, habitués aux dérapages verbaux, notamment racistes.
En proie à une baisse de popularité, ce parti populiste anti-islam et eurosceptique avait pourtant connu un essor fulgurant lors de la crise migratoire de 2015-2016, lorsque la chancelière Angela Merkel avait ouvert son pays à plus d'un million de demandeurs d'asile.
Fondé en 2013, il est même parvenu à rentrer dans 11 des 16 assemblées régionales allemandes. Des sondages lui donnaient, jusqu'à il y a peu, jusqu'à 15 % des voix. Mais, entre crise interne et baisse du flux migratoire, la formation a enregistré un repli conséquent depuis janvier (7 à 11% selon les études), alors que les législatives allemandes se tiendront en septembre.
Un taux de popularité qui reste historique
Frauke Petry, la co-dirigeante de l'AfD et chef de file des "réalistes", a annoncé mercredi ne pas vouloir être tête de liste aux élections, plongeant le parti dans l'embarras faute d'un autre candidat. Un coup de théâtre qui pourrait forcer la formation, représentée au Parlement européen, à faire campagne sans réelle figure de proue.
Selon Frauke Petry, "les tensions internes" et les propos polémiques ont conduit "à une érosion drastique du potentiel électoral" de l’AfD. Elle a en conséquence appelé les délégués du parti à adopter au congrès une stratégie de "realpolitik" à même de les conduire au pouvoir dès 2021 et bannissant les dérapages racistes.
Malgré cette perte de vitesse, le taux de popularité de l'AfD reste historique pour un parti de ce type dans l'Allemagne d'après-guerre, même si l'objectif d'obtenir un résultat à deux chiffres en septembre et de devenir la troisième formation du pays est loin d'être acquis.
D’autant plus que, l'urgence migratoire étant passée, l'adoption d'une série de mesures pour accélérer les expulsions a permis à Angela Merkel, qui vise un quatrième mandat, de voir sa popularité remonter.
Autre mauvaise nouvelle pour l'AfD : les sociaux-démocrates, conduits par l'ex-président du Parlement européen Martin Schulz, connaissent aussi une embellie.
Avec AFP