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Référendum en Turquie : le "non" à Erdogan l'emporte dans les grandes villes

Recep Tayyip Erdogan a remporté une victoire de justesse au référendum sur le renforcement de ses pouvoirs, alors que le "non" est arrivé en tête dans presque toutes les grandes villes d'un pays plus que jamais divisé.

Une courte victoire, à défaut d’un plébiscite triomphal. Sans surprise, le président turc Recep Tayyip Erdogan est certes parvenu à ses fins grâce à la victoire du "oui" au référendum sur le renforcement de ses prérogatives, crédité de 51,37 % des suffrages, mais son pays semble plus que jamais divisé.

Le camp du non, qui dénonce une campagne inéquitable et des fraudes, l'a en effet emporté dans les trois principales villes, Istanbul, Ankara, Izmir, et dans les autres cités les plus peuplés comme Denizli, Adana, Antalya, et Mersin. C’est un coup rude pour le président turc, dans le sens où Istanbul (51,4 % en faveur du non), ville dont il fût le maire, et la capitale Ankara (51,2 %), étaient deux bastions électoraux de son parti, l’AKP.

Référendum en Turquie : le "non" à Erdogan l'emporte dans les grandes villes

"Pour la première fois en quatorze ans, les grandes villes Istanbul, Izmir et Ankara ont voté contre Erdogan", note Marc Pierini, ancien ambassadeur de l’Union européenne en Turquie et chercheur à la fondation Carnegie Europe, interrogé par France 24. Seule la grande ville de Bursa a penché pour le oui (53,2 %).

La diaspora penche pour le "oui"

"C'est une victoire pour Erdogan, mais aussi une défaite. Il a perdu Istanbul, là où il a entamé sa carrière politique", a réagi sur Twitter Soner Cagaptay, analyste spécialiste de la Turquie au Washington Institute.

À l’instar des zones côtières proches de la mer Égée, les régions du sud-est de la Turquie, peuplées en majorité de Kurdes, ont, elles aussi, massivement voté contre l'accroissement des pouvoirs du chef de l'État. À Diyarbakir, la "capitale" des Kurdes de Turquie, qui représentent un cinquième de la population, le non arrive largement en tête avec 67,6 % des suffrages.

Le camp présidentiel l’a emporté grâce au plateau anatolien, traditionnellement conservateur et acquis à l’AKP, tandis que le "non" réunit pêle-mêle des citadins, des laïcs, des Kurdes et certains nationalistes. "Ce résultat montre qu'une partie du pays ne veut pas rendre le pays plus fort et a une mentalité européenne, l'autre partie ce sont de vrais Anatoliens", a confié à l’AFP Mustafa Umit Unsal, un partisan de l'AKP, dans la soirée à Ankara.

La diaspora turque disséminée aux quatre coins de l’Europe a voté nettement en faveur du oui, notamment en France où 63 % des près de 140 000 participants ont opté pour le oui. Même verdict en Allemagne (63 %), en Autriche (73 %), en Belgique (75 %) et aux Pays-Bas (70,9 %).