
Les candidats à la présidentielle ont unanimement dénoncé les propos de Marine Le Pen qui a affirmé, dimanche, que la France n'était pas responsable de la rafle du vélodrome d'Hiver en 1942. Des propos qu'Israël a également condamnés.
En déclarant à deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle que la France n'était "pas responsable" de la rafle du Vél' d'Hiv au cours de laquelle 13 000 juifs avaient été arrêtés en 1942, Marine Le Pen a provoqué un tollé.
Ses adversaires ont unanimement condamné les propos de la candidate du Front national (FN). Israël dénonce, de son côté, une déclaration "contraire à la vérité historique".
Des candidats qui s'accordent sur le sujet
"Si on doutait que Marine Le Pen est d'extrême droite, on ne peut plus en douter," a réagi Benoît Hamon sur RTL. "Le président de la République, Jacques Chirac, a fait un choix important, en rupture avec ce qui avait pu être dit auparavant. Moi je l'approuve et c'est le sens de l'Histoire," a-t-il poursuivi.
"La rafle du Vél' d’Hiv, ce sont des policiers français notamment qui y ont participé. Ce n’était pas la République, évidemment, mais tout de même, on peut avoir des mots un petit peu plus subtils que ce qu’elle dit", a renchéri Alexis Corbière, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) sur CNews. Selon lui, Marine Le Pen "a fait toute son éducation politique dans l’ombre de son père, qui était le principal émetteur du discours antisémite dans ce pays."
"D'aucuns avaient oublié que Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen", a réagi sur BFMTV Emmanuel Macron. "Il ne faut pas avoir de complaisance ou minimiser ce qu'est le Front national aujourd'hui dans notre pays. Donc c'est une faute grave, ce qu'elle a fait", a-t-il jugé. "Je pense que Jacques Chirac avait justement pris ses responsabilités et eu un geste courageux".
"Le débat a été tranché avec Jacques Chirac et il est périlleux de réveiller ce genre de querelles, a jugé la députée Annie Genevard, proche de François Fillon (LR) sur LCP.
"Ce qu’avait dit Jacques Chirac était très beau, ce que dit Marine Le Pen est inutile est dangereux", a déclaré Jean Lassalle sur France 2.
Le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste, Philippe Poutou, a, quant à, lui estimé sur BFMTV et RMC que "ça ne change pas, le parti reste le même". "Dans l’entourage, même s’ils ne sont pas forcément dans le FN, il y a une frange très fasciste, très dangereuse qui tourne autour," développe-t-il.
Invité de France Inter ce lundi 10 avril, le candidat de l’Union populaire républicaine (UPR), François Asselineau, a dénoncé une stratégie du buzz à peu de frais : "Ça fait partie de ce genre de polémique totalement inopportune et assez choquante. Voilà, madame Le Pen essaie de faire le buzz là-dessus, sur des sujets qui sont extrêmement cruels. Donc, à mon avis, le mieux, c’est de ne pas trop en parler."
Jacques Cheminade a, lui, préféré rendre hommage au général De Gaulle sur Europe 1 plutôt que de s'étendre sur le sujet : "Ma position est celle du Général de Gaulle. Il s’est battu pour une France libre. Et ma position est celle de tous les Français qui ont défendu les juifs et qui se sont battus pour eux".
Charles de Gaulle est également au centre des déclarations de Nicolas Dupont-Aignan, qui exhorte la France à avancer en faisant mine de ne pas comprendre la polémique : "Je ne comprends pas la polémique. Je vais vous dire pourquoi. Parce qu’on doit prévoir la France dans 50 ans. Et en France, on a le génie de se disputer sur un passé douloureux. Le passé est tragique. Qu’est-ce qui s’est passé ? Il y a une France qui a collaboré, c’est celle de Vichy. Il y a une France qui a sauvé l’honneur, c’est celle de De Gaulle […] Est-ce qu’on va éternellement continuer comme ça ?"
Le Crif, l'UEJF et Israël dénonce "le révisionnisme" du FN
Le Crif et l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) ont également réagi, dans des communiqués séparés, dénonçant "des propos révisionnistes". Pour l''UEJF, "cette déclaration de Marine Le Pen s'inscrit dans la lignée révisionniste du Front national".
"Ses déclarations sont une insulte à la France, qui s'est honorée en 1995 à reconnaître sa responsabilité dans la déportation des juifs de France et faire face à son histoire, sans mémoire sélective", a fustigé le Crif.
#Communique - M. Le Pen - Vel d'Hiv : des propos révisionnistes qui dévoilent le véritable visage du Front National https://t.co/UbOV7guv0s pic.twitter.com/8d5ObDRHtP
— CRIF (@Le_CRIF) 10 avril 2017"Nous condamnons les déclarations faites par Marine Le Pen selon lesquelles la France n'est pas responsable de la déportation des juifs de son territoire pendant la Shoah", a déclaré une porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Michal Maayan. "Cette déclaration est contraire à la vérité historique telle qu'elle a été exprimée par les déclarations des présidents de France, qui ont reconnu la responsabilité de l'État pour le sort des juifs français qui ont péri dans la Shoah", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Alors que la polémique prenait de l'ampleur, Marine Le Pen a cherché à préciser sa pensée dans un communiqué. "Comme Charles de Gaulle, François Mitterrand, ou encore de nos jours Henri Guaino, Jean-Pierre Chevènement ou Nicolas Dupont-Aignan, je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l’Occupation, et que le régime de Vichy n’était pas la France", écrit la candidate frontiste pour justifier sa prise de position
Ce qui selon elle, "n’exonère en rien la responsabilité effective et personnelle des Français qui ont participé à l’ignoble rafle du Vél’ d’Hiv et à toutes les atrocités commises pendant cette période". Et d'ajouter : "L’instrumentalisation politique à laquelle se livrent aujourd’hui quelques personnalités politiques est indigne".
Avec AFP