Des affrontements entre policiers et partisans de l'opposition ont éclaté samedi à Caracas, lors d'une manifestation contre le président Maduro et l'exclusion de la vie politique d'un de ses principaux opposants, Henrique Capriles.
"Non à la dictature", "Capriles président". Avec ces slogans, quelque 4 000 personnes ont manifesté, samedi 8 avril à Caracas, leur opposition au président vénézuélien Nicolás Maduro et à la mise à l'écart de la vie politique du chef de file de l'opposition, Henrique Capriles, une manifestation émaillée d'affrontements avec les forces de l'ordre.
Il s'agissait de la quatrième manifestation contre le pouvoir en une semaine au Venezuela, la première d'ampleur depuis la tentative rapidement avortée de la Cour suprême d'assumer les pouvoirs du Parlement, dominé par l'opposition.
Dans le quartier de La Campiña, les manifestants ont été empêchés d'avancer par les policiers et la garde nationale (militaires) qui ont utilisé des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des balles en caoutchouc pour les contenir, selon les journalistes de l'AFP sur place. Certains d'entre eux, visage couvert, ont répliqué en lançant des pierres et en incendiant des poubelles. Aucun blessé n'a été recensé officiellement.
Les affrontements ont éclaté quand les manifestants ont tenté de se rendre dans le centre de la capitale, où se trouvent les institutions contrôlées par le chavisme (du nom de l'ancien président Hugo Chavez, 1999-2013), qui a la main mise sur l'ensemble des pouvoirs, hormis l'Assemblée, où l'opposition est majoritaire.
Capriles inéligible pour 15 ans
"Le gouvernement a peur. S'il n'avait pas peur, il ne bloquerait pas les rues, il n'aurait pas écarté Capriles", a déclaré Gikeissy Diaz, une avocate de 27 ans, selon laquelle la moitié de sa promotion a préféré quitter le pays plongé dans une grave crise économique par la chute des prix du pétrole.
Henrique Capriles, considéré comme le principal rival de Nicolás Maduro en vue de l'élection présidentielle prévue en 2018, s'est vu interdire vendredi toute activité politique pendant quinze ans en raison "d'irrégularités" dans la gestion de fonds publics dans l'État de Miranda (au nord du âys), dont il est actuellement le gouverneur. "Le pays a choisi la voie de la dictature", a dénoncé samedi devant ses partisans réunis à Caracas l'ancien candidat à la présidentielle, qui avait été battu de peu par Nicolás Maduro en 2013.
"Ils croient qu'en rendant Capriles inéligible, ils vont le faire taire, mais ça va être tout le contraire, c'est maintenant que la lutte commence", a renchérit Aixa, agent immobilière de 55 ans, alors que dans le cortège, beaucoup brandissaient le portrait de l'opposant politique de 44 ans.
"On verra bien qui rira le dernier Nous nous verrons dans les rues de Venezuela, @nicolasmaduro, il n'y aura pas de répit", a d'ailleurs promis sur Instagram Henrique Capriles, qui a affirmé qu'il ferait appel de la sanction.
Une publication partagée par Henrique Capriles Radonski (@hcapriles) le 7 Avril 2017 à 17h04 PDT
Maduro de plus en plus isolé
Dans le même temps, une centaine de manifestants a fait irruption dans un bureau de la Cour suprême, accusée d'être à la solde du gouvernement, et y a jeté des matériaux de construction avant d'y allumer un feu, selon un journaliste de Reuters.
Le nouveau vice-président vénézuélien, Tareck El Aissami, a jugé que la marche de samedi était "illégale et inconstitutionnelle", aucune autorisation de manifestation n'ayant été délivrée à l'opposition. Les autorités accusent les opposants, et en particulier Henrique Capriles, d'incitation à la violence.
Illustrant l'isolement croissant de Nicolás Maduro sur la scène régionale, plusieurs pays sud-américains ont dénoncé la mesure prise contre Henrique Capriles, et les États-Unis se sont dits samedi "profondément inquiets des persécutions" subies par l'opposition.
Avec Reuters et AFP