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Paraguay : le Parlement pris d'assaut et incendié par des manifestants

Une manifestation contre un vote du Sénat paraguayen, autorisant le président actuel à briguer un nouveau mandat, a dégénéré vendredi : le bâtiment du Parlement a été investi et incendié. Un jeune activiste de l'opposition a été tué.

Un jeune homme a été tué par un tir de balle en cacoutchouc vendredi 31 mars au Paraguay. Des centaines de personnes ont violemment exprimé, ce même jour, leur opposition à la décision du Sénat de permettre au président Horacio Cartes de briguer un nouveau mandat. Les manifestants ont pris d'assaut le Parlement dans la soirée, déclenchant un incendie à l'intérieur du bâtiment.

Scandant des slogans comme "Plus jamais de dictature", des centaines d'opposants ont fait irruption dans le bâtiment du Congrès après avoir cassé des portes, des palissades et des baies vitrées. Ils ont ensuite saccagé les bureaux des sénateurs favorables à l'amendement avant de provoquer des débuts d'incendie.

Ils ont brûlé des pneus et démonté en partie la grille entourant le siège du Congrès national, tandis que la police anti-émeute a riposté à l'aide de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Des heurts ont éclaté avec la police et une trentaine de policiers et de manifestants ont été blessés, ont indiqué les pompiers.

Parmi les blessés, figurent le président du Sénat lui-même, le candidat libéral battu lors de la présidentielle de 2013, Efrain Alegre, et le député libéral Edgar Ortíz. Le député a reçu une balle caoutchoutée tirée par un policier anti-émeutes.

Un jeune membre du parti Libéral d'opposition âgé de 25 ans, Rodrigo Quintana, est mort après avoir, lui aussi, été visé par un tir de balle et caoutchouc.

Efrain Alegre, chef du Parti radical libéral authentique (PLRA), a assuré à l'agence de presse EFE que le jeune homme avait été abattu lorsque la police a fait irruption dans les locaux du parti d'opposition. "Ils sont entrés de manière extrêmement agressive, en défonçant les portes. C'était un carnage", a-t-il affirmé.

Selon la même agence, Herminio Ruiz, le médecin qui a pris Rodrigo Qintana en charge, a déclaré à Efrain Alegre que le jeune homme avait reçu un violent choc à la tête, sans préciser ce qui avait provoqué le coup.

Le président appelle au calme

La Constitution du pays, rédigée après la fin de la dictature en 1989, interdit la réélection du chef de l'État. Réunis en séance extraordinaire à huis clos, 25 sénateurs sur les 45 de la chambre haute du Congrès national ont voté en faveur d'un amendement constitutionnel autorisant le président à solliciter un nouveau mandat.

La proposition doit désormais être examinée par la Chambre des députés, où elle semble jouir d'un fort soutien. Un vote des députés prévu samedi matin a été reporté en attendant que la situation se calme, a dit le président de la Chambre, Hugo Velazquez.

Le président Horacio Cartes a de son côté lancé un appel au calme et au rejet de la violence. "La démocratie ne se conquiert pas et ne se défend pas par la violence, et vous pouvez être certains que ce gouvernement poursuivra ses plus grands efforts pour maintenir l'ordre juridique dans la République", déclare le président dans un communiqué diffusé sur son compte Twitter.

Avec AFP et Reuters