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Brexit : l’Union européenne fixe ses conditions de négociation

Deux jours après le déclenchement par Londres de la procédure de sortie de l'Union européenne, Bruxelles a fixé vendredi ses conditions et son calendrier pour l'épineuse négociation du Brexit.

Les tractations au sujet du Brexit n'ont pas encore vraiment commencé entre Londres et Bruxelles que l'Union européenne s'est déjà fendue d'une première mise au point vendredi 31 mars. Dans un projet d'"orientations de négociations" présenté à Malte par le président du Conseil européen Donald Tusk, l'UE précise ses exigences : certes, les discussions sur la "relation future" avec Londres pourront commencer avant le retrait effectif du Royaume-Uni, mais il faudra d'abord que des "progrès suffisants" aient été faits sur l'accord réglant le retrait britannique. Et il ne s'agira que de "discussions préparatoires", est-il précisé dans ce texte, que les dirigeants des 27 pays fidèles à l'Union devront adopter lors d'un sommet le 29 avril.

Une fois l'accord de divorce en bonne voie, les 27 sont prêts à préparer "des dispositions transitoires" pour combler le vide entre le moment du Brexit et la conclusion d'un accord sur la relation future, que ce soit sur le plan commercial mais aussi dans d'autres domaines, comme la sécurité. Mais pas question de "commencer des discussions parallèles sur tous les sujets en même temps, comme suggéré par certains au Royaume-Uni", a martelé Donald Tusk, prédisant des négociations "difficiles, complexes et parfois même conflictuelles".

After more than 40 years of being united, we owe it to each other to make this divorce as smooth as possible. https://t.co/TDwSW7j2Hx pic.twitter.com/NU8BPZXmKf

— Donald Tusk (@eucopresident) 31 mars 2017

Les 27 veulent ainsi imposer leur cadence, face à un gouvernement britannique désireux de pouvoir négocier en parallèle, et dès le départ, l'accord qui règlera les modalités de sortie de l'UE et celui qui définira les futures relations entre les deux parties.

Dès les premières heures qui ont suivi la notification formelle du Brexit mercredi, une autre pomme de discorde était aussi apparue. Elle concerne la future coopération de Londres avec l'UE en matière de sécurité, que Theresa May a semblé mettre dans la balance pour obtenir des conditions de départ avantageuses. "Cela doit être un malentendu", a voulu croire vendredi Donald Tusk, se disant convaincu que les Britanniques étaient des "partenaires sages et décents". "Le Royaume-Uni a un engagement pour la sécurité et la défense de l'Europe", a assuré vendredi le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson, à Bruxelles pour une réunion de l'Otan. "C'est inconditionnel et ce n'est pas l'objet d'un marchandage", a-t-il insisté.

Les "orientations" des 27 publiées vendredi ont par ailleurs rappelé les grandes priorités de l'UE pour l'accord de divorce. Elle veut clarifier le sort des plus de trois millions de ressortissants européens au Royaume-Uni et du plus d'un million de Britanniques résidant dans un autre État membre. L'UE voudra aussi lever les incertitudes pesant sur la frontière entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord, province britannique, et exigera que Londres "honore tous ses engagements" financiers. La Commission a évalué la facture entre 55 et 60 milliards d'euros, selon un haut responsable européen.

Après le sommet européen à 27 prévu le 29 avril à Bruxelles, il faudra encore que les États membres se réunissent en mai, au niveau ministériel, pour adopter des "directives" de négociations plus détaillées. Selon un haut responsable européen, le feu vert pour commencer concrètement les négociations devrait être donné le 22 mai par l'UE.

Avec AFP