
Le président américain et son épouse sont arrivés vendredi soir au Ghana. En janvier, Barack Obama avait salué "le transfert pacifique du pouvoir" à l'issue des élections organisées dans ce pays anglophone d'Afrique de l'Ouest.
Pour sa première visite en Afrique subsaharienne, Barack Obama a choisi le Ghana, un petit pays anglophone de 21 millions d’habitants érigé en modèle de démocratie et de développement économique.
Pour l’occasion, Accra, la capitale, s’est couverte de drapeaux et de portraits du président américain et du chef de l’État ghanéen, John Atta Mills. Envoyée spéciale de FRANCE 24, Pamela Kesrouani explique qu’un "début d’effervescence gagne les rues de la capitale. Des jeunes vendent des drapeaux américains et ghanéens. D’autres proposent divers objets à l’effigie d’Obama. La journée de samedi sera fériée et les commerces fermés."
Le président américain a justifié le choix du Ghana par le fait que l’élection présidentielle qui s’y est déroulée en décembre 2008 a débouché sur un transfert pacifique du pouvoir.
Professeur de sciences politiques, Kwesi Jonah insiste également sur la dimension symbolique de la visite du président américain dans l'ancienne Gold Coast."C'est un grand honneur que le premier président africain-américain se rende dans le premier pays d’Afrique subsaharienne à avoir obtenu son indépendance après la Seconde Guerre mondiale", affirme-t-il.
"Le Ghana est un pays stable dans la région, décrypte pour sa part François Lafont, directeur du bureau de Paris du German Marshall Fund, un centre de réflexion américain. Le pays a non seulement réussi à organiser des élections libres et transparentes, mais son économie est dans une spirale ascendante, avec un taux de croissance qui s’élève à 7 %. Quant à la récente découverte de pétrole dans le pays, elle attise déjà les convoitises."
Responsable de l'ONG ghanéenne Center for Democratic Development, Emmanuel Gyimah-Boadi attend effectivement des retombées économiques et politiques de la visite d’Obama. "Nous prenons cette visite pour un encouragement aux efforts accomplis par notre pays ces quinze dernières années en matière de démocratie, de bonne gouvernance et de développement économique", explique-t-il.
Avec 20 % d'inflation et un déficit budgétaire important, le Ghana a un besoin urgent d'investissements directs, d’autant plus qu’il s’apprête à se lancer l'an prochain - si tout va bien - dans l’exploitation pétrolière, à la suite de la découverte de gisements au large de ses côtes, en 2007. Accra table sur une production de 120 000 barils/jour (b/j) d'ici à 2010.
Déception dans le reste de l’Afrique anglophone
Accompagné par sa femme Michelle, Barack Obama doit s’entretenir samedi avec le président ghanéen, John Atta-Mills, au pouvoir depuis janvier 2009, avant de prononcer un discours devant le Parlement dans lequel il dévoilera les contours de la nouvelle politique africaine des États-Unis.
Au cours de sa visite - qu’il achèvera par une visite du fort ghanéen de Cape Coast, un haut lieu de la traite négrière, pour rendre hommage aux esclaves déportés - il devrait également plaider pour un véritable partenariat économique entre le continent africain et l’Occident.
Si le Ghana tire une certaine fierté de la visite d’Obama, d’autres pays du continent n’ont, en revanche, pas caché leur déception, lorsqu’ils ont appris qu’ils n’accueilleraient pas le président américain. Le Kenya - pays dont le père de Barack Obama était originaire - parlent ainsi d’une "rebuffade", tandis que le Nigeria s’étonne qu’il n’ait pas choisi le "géant de l’Afrique et la plus grande nation du monde noire", forte de quelque 140 millions d’habitants, pour sa première visite dans la région.