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Tunisie : un appel pour que les femmes puissent épouser des non-musulmans

Des associations tunisiennes ont appelé lundi au retrait d'une circulaire de 1973 interdisant le mariage des Tunisiennes musulmanes avec des non-musulmans, dénonçant une contradiction avec la Constitution de 2014.

Lundi 27 mars, une soixante d'associations tunisiennes ont signé un appel à retirer une circulaire du ministre de la Justice datée de 1973. Celle-ci empêche la célébration du mariage des Tunisiennes musulmanes avec des non-musulmans.

"Il est aujourd'hui inadmissible qu'une simple circulaire, de valeur juridique quasiment nulle (...), commande la vie de milliers" de Tunisiennes, a martelé lors d'une conférence de presse Sana Ben Achour, juriste et présidente de l'association Beity.

Aujourd'hui, un certificat de conversion du futur époux est exigé pour le mariage de toute Tunisienne considérée comme musulmane et désireuse d'épouser un non-musulman — généralement étranger. Et si une Tunisienne se marie à l'étranger avec un non-musulman sans ce papier, son mariage ne peut être enregistré en Tunisie. Les hommes tunisiens peuvent, eux, se marier avec une non-musulmane.

S'il n'existe pas de statistiques fiables et précises sur le sujet, le collectif déplore un texte qui "remet en cause un droit fondamental pour tout être humain : le choix libre du conjoint (...). Cette prohibition est une souffrance pour des milliers de Tunisiennes et leurs familles", qui sont "privées de leur droit fondamental à la sécurité juridique".

Un texte en contradiction avec la Constitution de 2014

Wahid Ferchichi, de l'Association tunisienne de défense des libertés individuelles (Adli), souligne que la circulaire est en contradiction avec la Constitution de 2014 qui prône la liberté de conscience et l'égalité entre les citoyens. Le collectif espère donc son retrait d'ici novembre 2017. Pour cela, il entend sensibiliser l'opinion publique et rencontrer les ministres de la Justice, de l'Intérieur ainsi que le chef du gouvernement. Un colloque est aussi prévu.

La Tunisie, considérée comme pionnière des droits des femmes dans le monde arabe, a adopté une nouvelle Constitution en 2014 après la révolution citoyenne de 2011. Elle affirme que "citoyens et citoyennes sont égaux en droits et devoirs". Mais les femmes restent discriminées dans plusieurs cas, notamment en matière d'héritage, et le Code du statut personnel (CSP) désigne toujours le mari comme chef de famille.

Avec AFP