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Guyane : appel à la grève générale malgré l'envoi d'une mission par le gouvernement

Le principal syndicat de Guyane, soutenu par les élus locaux, a appelé à une grève générale lundi dans ce territoire ultramarin touché par un mouvement social. L'envoi d'une délégation interministérielle n'a pas apaisé les tensions.

Le principal syndicat de Guyane a lancé samedi 24 mars un mot d'ordre de grève générale à compter de lundi, malgré l'appel à "l'apaisement" et au "dialogue" du gouvernement, qui a envoyé une mission interministérielle sur ce territoire ultramarin, touché depuis plusieurs jours par un mouvement social.

En raison "des problèmes sur place d'approvisionnement des appareils en carburant et des difficultés de circulation au sol" lié au mouvement social, Air France a dû annuler ses vols long-courrier de Paris-Orly à Cayenne dimanche et lundi, d'après un porte-parole de la compagnie aérienne.

Samedi matin, les 37 syndicats réunis au sein de l'Union des travailleurs guyanais ont voté, à "l'unanimité moins une voix", la grève générale, à compter du 27 mars, a annoncé le secrétaire général de l'UTG, Albert Darnal. L'UTG est le syndicat majoritaire en Guyane et l'un des premiers déclencheurs de ce mouvement de contestation. Trois syndicats enseignants appellent aussi à "la mobilisation".

Les écoles, l'université, le port de commerce, les administrations, et certains commerces sont fermés depuis jeudi. Les déplacements motorisés sont très difficiles, à l'exception de ceux des véhicules d'urgence.

Le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, a pour sa part lancé un appel au calme. "Nous avons pris des dispositions de manière à ce que le dialogue puisse s'engager en Guyane, que nous puissions prendre des mesures le plus rapidement possible", a-t-il déclaré. J'appelle à l'apaisement, j'appelle au calme, j'appelle au
dialogue, parce que rien ne se construit dans le désordre et l'affrontement", a-t-il ajouté

L'envoi d'une délégation interministérielle n'a pas apaisé les esprits

La mission interministérielle de haut niveau est arrivée samedi à Cayenne, mais les élus locaux ont exprimé leur refus d’entrer en négociation tant qu’un membre du gouvernement ne ferait pas le déplacement. "C’est une réponse qui n’est pas satisfaisante et je déplore que la ministre des Outre-Mer [Ericka Bareigts, NDLR] n'ait pas daigné interrompre son séjour sur l’île de La Réunion pour prendre conscience de l’enjeu et de l’intérêt de ce qui se déroule en ce moment en Guyane", avait déclaré Rodolphe Alexandre, le président de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), vendredi soir à la télévision publique Guyane Première.

La quasi-totalité des protestataires est désormais regroupé en un collectif : "Pou Lagwiyann dekolé" ("pour que la Guyane décolle", en créole guyanais). Le collectif regroupe des salariés grévistes EDF Guyane, des collectifs contre l'insécurité ou la délinquance, des socioprofessionnels et des transporteurs.

Les revendications portent sur la sécurité, l'accès au soins et le coût de la vie. La Guyane est le territoire de France où l'on compte le plus d'homicides (42 en 2016) et le taux de chômage y atteint 22 % de la population.

Avec AFP et Reuters