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Le patron de l'Eurogroupe dérape et s'attire la colère des pays d'Europe du Sud

Jeroen Dijsselbloem, le patron de l'Eurogroupe, a suscité la colère des pays du sud de l'Europe. Ces derniers se sont sentis visés par les propos du Néerlandais sur la propension de certains États à dépenser "tout [leur] argent en femmes et schnaps".

"En tant que social-démocrate, j'accorde une importance exceptionnelle à la solidarité. Mais on a aussi des obligations. Je ne peux pas dépenser tout mon argent en 'schnaps' (alcool fort, NDLR) et en femmes et ensuite vous demander de l'aide". Avec cette déclaration faite au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine, le patron de l'Eurogroupe (réunion des ministres européens des Finances) Jeroen Dijsselbloem a rajouté un dérapage à son palmarès de gaffes.

Cette sortie semble sous-entendre que certains États européens ont préféré dépenser sans compter en choses futiles plutôt que de faire preuve de responsabilité financière. Une opinion qui a fortement déplu aux pays du sud de l'Europe qui se sont sentis visés. "Les personnes comme Dijsselbloem ne méritent pas les postes qu'ils occupent et plus vite ils partiront mieux ce sera", a assuré, mercredi 22 mars, sur Facebook, Matteo Renzi, l'ancien président du Conseil italien. Pour le Premier ministre portugais, Antonio Costa, la déclaration controversée est "raciste et sexiste".

Pressé de s'excuser devant le Parlement européen, Jeroen Dijsselbloem a refusé. Mais face à la violence des critiques, il a mis de l'eau dans son vin. Il a assuré, mercredi, que ses propos ne visaient personne en particulier et s'adressaient à tous les pays qui seraient tentés par la dépense facile au lieu de viser l'équilibre budgétaire. Reste que seuls quelques pays – essentiellement du sud de l'Europe – ont été obligés "de demander de l'aide", pour reprendre les termes du politicien néerlandais.

Maître gaffeur

Jeroen Dijsselbloem, à la tête de l'Eurogroupe depuis plus de quatre ans, traîne une réputation de maître gaffeur aux compétences limitées en matière de finance. Avant de prendre ses fonctions à Bruxelles, il n'avait été ministre néerlandais des Finances que pendant deux mois. Auparavant, ce membre du parti travailliste s'était surtout occupé de question d'agriculture et d'éducation.

Il s'était également distingué, peu après ses débuts à la tête de l'Eurogroupe, en créant une mini-panique financière. Il y a eu, en mars 2013, une fuite des capitaux suscitée par les déclarations de Jeroen Dijsselbloem qui semblait indiquer que pour sauver un pays au bord de la faillite, il était envisageable d'aller piocher dans les réserves des banques nationales comme cela avait été fait à Chypre. Une remarque moins choquante en apparence que la référence aux femmes et au schnaps, mais les marchés avaient très peu goûté que le chef de tous les ministres européens des Finances suggère que les dépôts d'argent à la banque n'étaient peut-être pas un refuge très sûr.

Malgré d'autres faux pas, le président de l'Eurogroupe a tenu bon et compte même se présenter à sa propre succession en janvier 2018. Les "femmes et le schnaps" risquent de lui coûté quelques points auprès de la plupart des pays qui ont des difficultés à équilibrer leurs comptes publics.