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France : des "couloirs humanitaires" pour sauver les migrants des "traversées de la mort"

Cinq associations chrétiennes ont signé, mardi, un accord avec le gouvernement français pour accueillir 500 réfugiés syriens et irakiens. Le but : les faire venir en Europe en évitant les "traversées de la mort" en Méditerranée.

Des couloirs humanitaires pour éviter les "voyages de la mort". Voilà en substance le projet de cinq associations chrétiennes : la communauté italienne de Sant’Egidio, la Conférence des évêques de France, le Secours catholique, la Fédération protestante de France et la Fédération de l’entraide protestante de France. Leur idée : faire venir en France, sans danger et par la voie des airs, des réfugiés syriens et irakiens jugés "vulnérables".

L’initiative préparée depuis de longs mois a été actée, mardi 14 mars, à l’Élysée par le président François Hollande, le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, et les cinq associations. La signature est notable : la France est le deuxième pays, après l’Italie, à mettre en œuvre ce projet. "Ce protocole confirme que dans une République laïque des collaborations fructueuses avec les Églises sont possibles et même sont souhaitées", a souligné François Hollande.

Quels sont les avantages ?

Ces couloirs humanitaires ont plusieurs effets bénéfiques, arguent les associations : ils permettent la sécurité des migrants en les faisant venir par voie aérienne sûre “grâce à un partenariat avec Air France” et ainsi éviter les embarcations de fortune en Méditerranée. Ils permettent aussi de lutter contre le commerce lucratif des passeurs. "Il devenait insupportable de voir arriver des embarcations entières avec des morts. Nous avons voulu prendre le problème à la source", explique pour sa part Valérie Régnier, présidente de Sant’Egidio.

Tous les frais de l’opération sont assumés par les associations. La France ne déboursera pas un centime dans l’accueil de nouveaux arrivants. L’argument d’autofinancement est séduisant pour le gouvernement, certes, mais discutable : pourquoi les ONG acceptent-elles de se substituer à l’une des prérogatives de l’État, à savoir l’accueil et la protection de ses réfugiés ? "Ce n’est pas normal, c’est sûr", reconnaît Aude Millet-Lopez. "Mais pour l’heure, nous sommes dans une volonté de sensibiliser. On espère à travers cette initiative modifier la vision du gouvernement sur la crise migratoire, on espère que les politiques mettront en place à l’avenir une politique nationale plus généreuse".

Comment le projet fonctionne-t-il ?

La mise en place de cet accueil solidaire concerne 500 personnes : des migrants vulnérables, donc, "des blessés, des malades, des femmes enceintes, ou encore des gens menacés de mort”, précise Aude Millet-Lopez, responsable communication de la Fédération protestante de France, contactée par InfoMigrants. Si l’initiative est chrétienne, "l’accueil est inconditionnel", sans critère d’appartenance religieuse, souligne le président de la Fédération protestante de France, François Clavairoly.

"L’idée est de préparer leur venue depuis le Liban", détaille Aude Millet-Lopez. C’est en effet depuis le pays de transit que les associations s’occupent de toute la procédure pour venir en France de manière sûre et légale. Les 500 réfugiés accueillis ont été au préalable repérés et sélectionnés par l’association italienne Sant’Edigio – association qui a déjà permis l’accueil de 700 réfugiés en Italie en 2016 -, avant validation définitive de leur venue par les autorités françaises. Ce sont encore les ONG qui s’occupent des démarches de demande d’asile auprès de l’Office français pour les réfugiés et apatrides (Ofpra).

Une fois sur le sol français, les réfugiés seront accueillis à l’aéroport par les équipes du Secours catholique, puis transférés dans des familles d’accueil, répartis sur toute la France, qui leur fournissent gîtes et couverts. Les églises, quant à elles, sont des renforts de premier plan : elles aident les réfugiés dans leur démarche d’intégration en les aiguillant vers des cours de français, en les aidant pour les inscriptions des enfants à l’école, l’accompagnement vers l’emploi…

Les lieux de culte sont mobilisés de longue date dans l’accueil de migrants. Plus de 2 000 ont été hébergés entre septembre 2015 et l’automne 2016 par des structures liées aux diocèses catholiques. Environ 450 ont été accueillis et accompagnés dans le cadre de l’entraide protestante.

Texte initialement publié sur InfoMigrants