La dépouille d’Étienne Tshisekedi était attendue le 11 mars en RD Congo. Mais le lieu de son inhumation, dont la date a été reportée sine die, crée des tensions. Un imbroglio qui paralyse les discussions sur l’accord politique.
Étienne Tshisekedi est décédé le 1er février à l'âge de 84 ans, d'une embolie pulmonaire. Il s’est éteint dans un hôpital bruxellois où il avait été admis quelques jours plus tôt. Quand sa dépouille sera-t-elle rapatriée en République démocratique du Congo où il incarnait la figure de l’opposition ? C’est une question qui se pose encore, un mois après sa disparation. La date du vendredi 11 mars avait un temps été avancée par la famille du défunt, mais lundi 6 mars, son frère cadet, Gérard Mulumba, annonçait sur RFI la reporter sine die. En cause ? Le lieu d’inhumation.
Étienne Tshisekedi devait être enterré dans un carré dédié aux personnalités du cimetière de Gombe, un quartier cossu de la capitale Kinshasa, où des travaux d’aménagement ont été entrepris par les autorités de la ville. "Il s’agissait d’un lieu provisoire. (..) Mais la population de Kinshasa n’accepte pas du tout qu’il soit enterré là, même provisoirement", assure Gérard Mulumba, de retour à Bruxelles.
Ce rejet d’une inhumation à Gombe est partagé par les membres de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti politique d’Étienne Tshisekedi, qui plaident pour une inhumation au siège du parti, à Limete, autre quartier de Kinshasa. "Il faut trouver un modus vivendi. C'est simplement d'obtenir une autorisation d'enterrer notre leader au siège du parti, en attendant des jours meilleurs où on pourra lui ériger un mausolée digne de lui, digne de sa carrière politique", précise Félix Tshisekedi, fils de l'opposant défunt.
Les négociations pour l’application de l’accord suspendues
Le report du rapatriement du corps d’Étienne Tshisekedi a un impact direct sur les discussions autour des modalités d’application de l’accord du 31 décembre, signé dans la douleur par l’opposition et la majorité, qui prévoit une cogestion du pays jusqu’à l’organisation d’une élection présidentielle fin 2017. Depuis la disparition de l’opposant historique, elles sont au point mort. "Nous ne pouvons pas négocier quand les obsèques sont en cours. Aujourd'hui, nous attendons que la dépouille mortuaire revienne à Kinshasa, qu'on enterre l'illustre disparu et que les négociations reprennent", expliquait le 18 février à France 24 Léonard She Okitundu, le ministre des Affaires étrangères de la RD Congo.
Pour ne rien arranger, des dissensions sont apparues au sein de l’opposition depuis la disparition de son leader naturel et incontesté. Félix Tshisekedi a été désigné le mercredi 3 mars pour succéder à son père à la tête de la coalition des partis réunis sous la bannière Le Rassemblement. Un leadership contesté par certains membres. "Certaines ambitions sont offusquées", a reconnu auprès de l’AFP le député d'opposition Delly Sessanga, faisant allusion à trois responsables du Rassemblement qui n'ont pas accepté cette restructuration, en quittant la réunion où était décidée la nouvelle direction. L'épiscopat catholique (Cenco), médiateur dans les pourparlers de sortie de crise en République démocratique du Congo, "recommande vivement à toutes les composantes du Rassemblement de privilégier l'unité (…) pour faire avancer les choses".