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Le Polonais Donald Tusk réélu président du Conseil européen malgré l'opposition de Varsovie

Le sommet européen de jeudi a débuté par la réélection de Donald Tusk à la tête du Conseil européen. Fait rare, il a été reconduit pour un nouveau mandat malgré l'opposition de son propre pays, la Pologne.

La seule opposition venait de son propre pays. Le Polonais Donald Tusk a été réélu, jeudi 9 mars, à la tête du Conseil européen, bénéficiant du soutien de l'essentiel des États membres – sauf de Varsovie.

Tusk, aussitôt reconduit, a annoncé sur Twitter "qu'il fera de son mieux pour rendre l'UE meilleure".

Le sommet européen de Bruxelles a débuté par ce vote, qui éclipse en partie le thème principal du sommet, à savoir l'unité de l'Union européenne (UE) après le Brexit. 

La Première ministre polonaise, Beata Szydlo, avait réaffirmé à son arrivée dans la capitale européenne sa position. "Je le répète : rien (ne doit être fait) sans nous et sans notre accord", avait insisté la dirigeante conservatrice, qui avait proposé un candidat concurrent, l'eurodéputé Jacek Saryusz-Wolski.

Soutenu par Hollande et Merkel

Donald Tusk, ancien Premier ministre libéral du gouvernement polonais, occupait depuis fin 2014 la présidence du Conseil européen, dont le rôle est de coordonner les sommets réguliers réunissant les chefs d'État ou de gouvernement pour fixer les priorités politiques de l'UE. Il disposait d'un large soutien, réitéré jeudi par la chancelière allemande et le président français.

"Je considère sa réélection comme un signe de stabilité pour l'ensemble de l'Union européenne", avait déclaré Angela Merkel lors d'un discours devant les députés allemands. "Je me réjouis de poursuivre le travail avec lui", avait-t-elle ajouté.

François Hollande avait également évoqué "des raisons de cohérence, de continuité, de stabilité". "Je considère que c'est le candidat qui s'impose. Et je ne vois pas comment un pays pourrait s'opposer à cette solution, dès lors que tous les autres y sont favorables."

Accusé de s'être "personnellement impliqué" dans la politique polonaise

"Nous ferons tout pour que le vote n'ait pas lieu aujourd'hui", avait promis le chef de la diplomatie polonais, Witold Waszczykowski, laissant entendre que la Pologne pourrait s'opposer à la totalité des conclusions du sommet, si la demande de Varsovie n'était pas entendue.

Donald Tusk a "brutalement violé" la règle de "neutralité politique" nécessaire à son poste, l'a accusé Beata Szydlo, dans une lettre adressée mercredi à ses homologues européens. Elle lui reproche de s'être "personnellement impliqué" dans la vie politique de son pays, où certaines réformes menées par le pouvoir, aux mains désormais du parti conservateur nationaliste Droit et Justice (PiS), ont été critiquées par Bruxelles comme des atteintes à l'État de droit.

"Je suis impartial et politiquement neutre", s'était défendu mercredi M. Tusk, se disant "prêt pour le jugement".

Les manœuvres polonaises avaient pourtant peu de chances d'aboutir, expliquait Kattalin Landaburu, correspondante de France 24 à Bruxelles. Le vote se fait en effet à la majorité qualifiée, que Varsovie ne peut atteindre, même en mobilisant ses alliés du groupe de Visegrad (République tchèque, Slovaquie, Hongrie) – qui avaient également apporté leur soutien à Tusk, à l'exception du hongrois Viktor Orban. Les dirigeants polonais insistent donc plutôt dans le but de "ternir (la) réputation (de Donald Tusk) sur la scène politique nationale", où l'ancien chef de gouvernement libéral est dépeint comme un traître.