Marine Le Pen a été convoquée par les juges en vue d'une possible mise en examen dans l'enquête sur les emplois présumés fictifs de ses assistants parlementaires mais la candidate a fait savoir qu'elle ne s'y rendrait pas avant la fin de la campagne.
À sept semaines de la présidentielle, Marine Le Pen poursuit son bras de fer avec la justice : convoquée par les juges pour une possible mise en examen dans le dossier des assistants parlementaires du Front National (FN), la candidate a fait savoir vendredi 3 mars qu'elle n'honorerait pas ce rendez-vous judiciaire.
La présidente du FN est convoquée vendredi prochain par les juges d'instruction du pôle financier, en vue d'une mise en examen pour abus de confiance. Il lui serait notamment reproché d'avoir salarié en tant que députée européenne et avec des fonds de Bruxelles, sous le statut d'assistante parlementaire, l'une de ses plus proches collaboratrices, Catherine Griset, alors que celle-ci exerçait des fonctions de cheffe de cabinet au siège du parti, à Nanterre.
"Bien entendu, elle ne s'y rendra pas", a déclaré Me Marcel Caccaldi, l'un de ses avocats, en rappelant que Marine le Pen bénéficiait de son immunité parlementaire de député européen, qui interdit toute mesure coercitive. Elle avait déjà refusé en février de répondre à une convocation d'un service de police, elle le réitère aujourd'hui en précisant qu'elle ne se rendra à aucune convocation jusqu'aux législatives des 11 et 18 juin.
Le camp Le Pen dénonce "une instrumentalisation de la justice"
Par ailleurs, le camp de la présidente du FN a contre-attaqué. Dans un courrier transmis à la justice, dont des extraits ont été rapportés à l'AFP par une source proche du dossier, elle s'étonne d'être convoquée 40 jours avant l'élection. Marine Le Pen dénonce des violations du secret de l'enquête, une instrumentalisation de l'affaire et estime que les conditions de "légalité", de "sérénité" et de "confiance" ne sont pas réunies pour qu'elle soit entendue.
Elle estime aussi que la procédure est "mal fondée". À ses yeux, son activité de parlementaire ne doit pas être soumise au contrôle de l'autorité judiciaire, ajoute-t-elle, toujours selon la même source. Son argument fait écho à celui des avocats de François Fillon dans sa propre affaire.
Son avocat voit dans la démarche des juges une nouvelle preuve de "l'instrumentalisation de la justice à des fins politiques" et annonce que sa cliente portera plainte pour violation du secret de l'instruction. "La fuite sur la convocation des juges a été organisée. Elle ne peut provenir que du parquet ou du magistrat instructeur", a-t-il déclaré.
Malgré ses multiples affaires judiciaires, Marine Le Pen reste aujourd'hui en tête dans la plupart des intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle devant Emmanuel Macron et François Fillon.
Avec AFP et Reuters