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Emmanuel Macron s’autoproclame candidat des classes moyennes et populaires

Irrité par la question d’un journaliste, Emmanuel Macron a d’un coup transformé jeudi matin la présentation sereine et policée de son programme en débat d’entre-deux-tours fictif, s’autoproclamant candidat des classes moyennes et populaires.

Le scénario n’avait pas été préparé à l’avance, mais il n’a sans doute pas déplu à Emmanuel Macron. Alors que sa conférence de presse pour présenter son programme, jeudi 2 mars, commençait à ronronner après plus d’une heure trente de démonstration et de réponses aux journalistes, le candidat d’En Marche ! a soudain offert à son auditoire un aperçu des arguments qu’il pourrait asséner en cas de débat d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle face à Marine Le Pen.

Piqué au vif par un journaliste de Mediapart lui demandant ce qu’il comptait répondre aux arguments de la candidate du Front national qui l’accuse d’être le candidat du "mondialisme" et de "l’oligarchie financière", Emmanuel Macron a saisi la balle au bond pour s’autoproclamer "candidat des classes moyennes et des classes populaires".

"Vous pouvez refuser de voir que le projet que je porte pour l’école est un projet pour les classes populaires et les classes moyennes, parce qu’il y a peu de banquiers d’affaires qui ont mis leurs enfants dans les zones REP et REP+ (réseaux d'éducation prioritaires). (…) Vous pouvez aussi dire que la réforme de la taxe d’habitation va surtout profiter à l’oligarchie financière. Vous pouvez dire que la politique économique que je veux conduire de mobilité sociale et de réussite est une politique pour l’oligarchie financière et les affreux banquiers. (…) La réalité de ce projet n’est pas celle-là", a-t-il lancé, accusant au passage les médias le décrivant comme "un banquier d’affaires uniquement et rien d’autre" de faire "le lit du Front national".

Visiblement très remonté, Emmanuel Macron a poursuivi sa tirade en ouvrant le débat jusqu’à François Fillon et Benoît Hamon. Le candidat d’En Marche ! a ainsi qualifié le programme du premier de "projet de fermeture sociale" et celui du second de "projet de défaite face aux changements technologiques et aux transformations de notre société".

Un programme ancré clairement au centre

Avec la présentation complète de son programme une semaine après son alliance avec François Bayrou, Emmanuel Macron, lui, s’ancre pour de bon au centre de la vie politique française.

Le candidat affiche une volonté de "faire plus pour ceux qui ont moins". Outre les propositions déjà connues sur le dédoublement des classes de CP et CE1 dans les zones d’éducation prioritaires et sur l’exonération de la taxe d’habitation pour 80 % des Français, l’ancien ministre de l’Économie a dévoilé jeudi matin son projet d’emplois francs qui permettra aux entreprises de toucher une prime de 15 000 euros sur trois ans pour toute embauche d’un habitant de l’un des 200 quartiers prioritaires de la politique de la ville. "C’est clairement de la discrimination positive assumée", affirme Benjamin Griveaux, l’un de ses porte-paroles.

Il n’est pas certain, toutefois, que les fonctionnaires ou les cheminots qui seront concernés par la réforme des régimes spéciaux de retraite voient en Emmanuel Macron leur candidat. Tout comme les millions de Français qui sont descendus dans la rue au printemps dernier pour manifester contre la Loi travail, que la candidat d’En Marche ! souhaite approfondir en plafonnant les indemnités prud’homales notamment.

En revanche, ces mesures plairont sans doute aux électeurs de son aile droite. En évoquant les grandes grèves de l’hiver 1995, Emmanuel Macron a pris soin de flatter le Premier ministre de l’époque, Alain Juppé, qui avait tenté de mettre fin aux régimes spéciaux de retraite, parlant de "réformes ambitieuses, courageuses" et dont il "partage d’ailleurs l’esprit".