L'année 2016 a été "terrible" pour les droits de l'Homme dans le monde. En France, elle a été "très préoccupante", selon Amnesty international, qui dénonce, mercredi, la restriction des droits au nom de la lutte contre le terrorisme.
Dans son rapport annuel publié mercredi 22 février, Amnesty international épingle la France. L’ONG dénonce la restriction des droits fondamentaux dans le cadre des mesures prises pour lutter contre le terrorisme, en particulier l'état d'urgence, décidé après les attentats du 13 novembre 2015 et prolongé depuis.
Selon son recensement, de fin 2015 à fin 2016, "seul 0,3% des mesures liées à l'état d'urgence a débouché sur une enquête judiciaire pour faits de terrorisme". En revanche, "ces assignations à résidence ont entraîné des pertes d'emploi ou la marginalisation de ces personnes", déplore Camille Blanc, présidente d'Amnesty international France.
L'ONG considère par ailleurs qu'en matière d'accueil des réfugiés, "la France n'a pas pris ses responsabilités au niveau international" et ne protège pas suffisamment les réfugiés et migrants présents sur son sol. "Dans le cadre des élections présidentielle et législatives qui vont avoir lieu en 2017, la France est à la croisée des chemins concernant les droits humains et les citoyens ne doivent pas tomber dans le piège de ces discours qui entraînent la haine, la peur, ou le repli de soi", souligne Camille Blanc.
Des discours de haine
Amnesty international a aussi pointé du doigt plusieurs dirigeants du monde, qui propagent, d'après l'ONG, des discours de haine "diabolisant" certains groupes, une rhétorique "toxique", qui rend le monde plus dangereux.
En France, en 2016, de nombreux droits fondamentaux ont été remis en cause : https://t.co/zJIXvxdH7e
— Amnesty France (@amnestyfrance) 22 février 2017"Les discours clivants de Donald Trump, Viktor Orban (Hongrie), Recep Tayyip Erdogan (Turquie), Rodrigo Duterte (Philippines)... s'acharnent sur des groupes entiers de population, les désignent comme boucs émissaires et propagent l'idée selon laquelle certaines personnes sont moins humaines que d'autres", les premiers visés étant les réfugiés, dénonce Amnesty international.
Pour exemple, l'ONG cite le décret anti-immigration fermant temporairement les frontières des États-Unis aux réfugiés et aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane, suspendu depuis, ou encore l'accord "illégal et irresponsable" conclu entre l'Union européenne et la Turquie, permettant de renvoyer des demandeurs d'asile dans ce pays.
Au total, Amnesty a dénombré 36 pays ayant "violé le droit international en renvoyant illégalement des réfugiés dans des pays où leurs droits étaient menacés".
Avec AFP et Reuters