
La justice a donné raison lundi au Secours catholique. La mairie de Calais doit retirer sous 24 heures la benne qu’elle avait installée devant les locaux de l’association afin d’empêcher que des douches destinées aux migrants soient disposées.
Première victoire pour le Secours catholique. Lundi 13 janvier, la justice a donné raison à l’association qui protestait contre l’installation par la mairie de Calais d’une benne devant l'un de ses bâtiments empêchant l’accès aux locaux et la mise en place d’un conteneur équipé de douches destinées aux migrants.
Le tribunal de Lille a ainsi ordonné à la mairie de retirer la benne sous 24 heures. "En empêchant l’accès de tout véhicule à une partie du terrain dont le Secours catholique est propriétaire, le maire de Calais a porté une atteinte grave et manifestement illégale au droit de propriété", a considéré le juge dans son ordonnance.
"Urgence sanitaire"
Une décision de justice dont se félicite le Secours catholique, estimant que "l’ordonnance marque le caractère honteux et incompréhensible d’une municipalité qui s’oppose à une association voulant simplement donner accès à des douches à quelques jeunes migrants vivant dans des conditions effroyables", a déclaré à l’AFP Didier Degrémont, président de l’ONG dans le Pas-de-Calais.
Face à une "situation d’urgence sanitaire", le Secours catholique "a donc dégagé des solutions pour permettre à ces personnes de bénéficier d’un minimum d’hygiène et donc d’un minimum de dignité", a expliqué à l'audience de lundi Maître Lionel Crusoé, avocat de l’association.
"Le bras de fer va continuer"
Depuis quelques mois, les migrants sont de retour à Calais, toujours dans l’espoir d’atteindre le Royaume-Uni. "Une cinquantaine d’exilés viennent nous voir régulièrement dans nos locaux, principalement des mineurs érythréens et soudanais", expliquait la semaine dernière à France 24 Jacky Verhaegen du Secours catholique à Calais. L’association a constaté chez ces jeunes deux cas de gale, ainsi qu’un d’impétigo – une maladie de la peau très contagieuse. "Nous avons décidé d’installer des douches, car ces personnes font face à de gros problème d’hygiène, et ont ainsi un besoin vital de se reposer, de manger et surtout de se laver”, avait-il insisté.
De son côté, la mairie de Calais ne souhaite pas commenter la décision de justice et assure que la benne sera enlevée sous 24 heures. Mais Emmanuel Agius, premier adjoint (LR) au maire de la ville, l’assure à France 24 : "le bras de fer va continuer". La municipalité a en effet lancé une procédure judiciaire pour non-respect des règles d’urbanisme par le Secours catholique.
L’élu accuse également l’association de "créer une fixation de migrants à Calais" et d’être ainsi en rupture avec le protocole mis en place par l’État lors du démantèlement de la "jungle". "L’action du Secours catholique est dénuée de bon sens, car les migrants peuvent être pris en charge dans des centres d’accueil présents sur tout le territoire national, où ils ont la possibilité de se nourrir et de se doucher", a expliqué Emmanuel Agius.
Fin janvier déjà, la mairie de Calais avait porté plainte contre X après la découverte de ce qu’elle considérait être un squat de migrants qui s’abritaient sous une structure surélevée du Secours catholique.
Avec AFP