
Expulsé manu militari au Costa Rica, le 28 juin, le président déchu Manuel Zelaya a tenté de rentrer au Honduras. En vain. Son avion n'a pas pu atterrir sur l'aéroport de Tegucigalpa, où les militaires avaient dressé un barrage.
Après une tentative infructueuse d'atterrissage sur l'aéroport de Tegucigalpa, capitale du Honduras, l'avion du président déchu Manuel Zelaya est arrivé, dimanche soir, au Salvador après avoir fait une escale de deux heures à Managua, au Nicaragua.
"Attendu depuis plusieurs heures, l'avion a piqué sur la piste avant de remettre les gaz, raconte François-Xavier Fréland, envoyé spécial de FRANCE 24 à Tegucigalpa. Depuis son avion, le président déchu s'est ensuite adressé à la population sur les ondes. Il avait un petit côté tragique : il cherche à toucher le cœur des habitants, d'autant que cette tentative de retour n'était pas sans risque pour lui."
Elu en 2006 pour quatre ans, Manuel Zelaya a souhaité organiser un référendum pour changer la Constitution, afin de pouvoir briguer un second mandat en 2010. La Cour suprême du pays jugeant cette démarche illégale, l'armée et le nouveau chef de l'État désigné, Roberto Micheletti, l'ont arrêté et expulsé, le 28 juin, vers le Costa Rica.
Mouvement de troupes au Nicaragua
Manuel Zelaya a été accueilli au Salvador par Cristina Kirchner, Mauricio Funes et Rafael Correa, ses homologues argentin, salvadorien et équatorien avec lesquels il doit s'entretenir. Le président hondurien déchu doit également rencontrer le secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), José Miguel Insulza.
A Tegucigalpa, Roberto Micheletti a dénoncé, lors d'une intervention télévisée, des "mouvements de troupes du côté du Nicaragua en direction de la frontière" commune avec le Honduras.
Dimanche soir, la piste de l'aéroport de Tegucigalpa a été obstruée par des véhicules de l'armée, malgré la présence de 30 000 partisans du président déchu, massés aux abords du bâtiment dans une atmosphère festive. Peu avant que l'avion n'apparaisse à l'horizon, la foule a tenté de forcer les grilles et les barrages, obligeant les militaires à riposter. Au moins deux manifestants pro-Zelaya ont trouvé la mort dans les affrontements. Deux autres personnes ont été blessées.
"Ils ne seront jamais en mesure de gouverner le Honduras, ils devraient le savoir, a fustigé Manuel Zelaya sur la chaîne de télévision vénézuélienne Telesur. Si j'avais eu un parachute, j'aurais sauté de cet avion", a-t-il ajouté tout en insistant sur sa volonté de rentrer au pays : "Si ce n'est pas possible maintenant, nous le ferons demain ou plus tard".
Le pays a été privé de la majorité de ses importants financements internationaux à la suite de cette prise de pouvoir, considérée comme un coup d'État par la communauté internationale, et condamnée par l'ONU, l'OEA et l'Union européenne (UE). Les nouvelles autorités honduriennes n'ont pas tardé à réagir en quittant l'OEA "avec effet immédiat". Parmi les habitants du Honduras, 70 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.