Rose Nathike a toujours couru. Que ce soit pour fuir la guerre, pour s’entraîner dans son camp de réfugiés au nord du Kenya, ou simplement pour faire face à son destin, qui l'a mené jusqu’aux Jeux olympiques de Rio en 2016. Nos reporters retracent l’incroyable destin de cette athlète sud-soudanaise, porte-drapeau de l’équipe olympique de réfugiés à Rio et membre d’une famille éclatée par la guerre.
L'an dernier, la jeune athlète sud-soudanaise Rose Nathike a réalisé un de ses rêves en courant le 800 mètres aux Jeux de Rio. Comme une poignée d'autres sportifs, la jeune femme ne concourait pas sous la bannière de son pays, en proie à la guerre civile, mais sous celle de l'olympisme.
Famille éclatée par la guerre
Aujourd'hui, Rose se prépare aux championnats à venir près de Nairobi, au Kenya, dans un centre d’entraînement dirigé par la fondation Tegla Loroupe pour la paix. À 750 km de là, dans le camp de réfugiés de Kakuma dont elle est issue, ses trois frères et sœurs, qu’elle a élevés après le départ de ses parents, se languissent d’elle. Par manque de moyens et parce que le statut de réfugié est très strict, il leur est impossible de faire le voyage pour se retrouver.
À quatre heures de route de Kakuma, au Soudan du Sud cette fois, vivent leurs parents. Après avoir laissé leurs enfants en sécurité dans le camp kenyan, ils sont retournés chez eux, espérant les faire revenir à la fin de la guerre. Mais le conflit s'est enlisé et les difficultés économiques ne leur ont pas permis de voyager. Cela fait neuf ans qu'ils ne se sont pas revus.
Nous avons parcouru les centaines de kilomètres qui séparent les membres de cette famille éclatée par la guerre. Une illustration des difficultés que rencontrent les personnes déplacées, mais aussi l’espoir qu’incarne Rose, pour les siens et pour tous les réfugiés, de franchir un à un les obstacles vers un meilleur destin.