envoyé spécial à Libreville – Portée par son gardien vétéran Essam El-Hadary, l’Égypte a éliminé le Burkina Faso au terme d'une cruelle séance de tirs aux buts (1-1, 4-3 tab). Les Pharaons retrouveront en finale le vainqueur du duel entre le Cameroun et le Ghana.
À travers son histoire millénaire, l’Égypte a connu bien des dieux. Il en est un, sur la pelouse depuis le début de cette CAN-2017, qui pourrait bien prétendre à ce statut auprès des amoureux du football. À 44 ans, le gardien des Pharaons Essam El-Hadary a écrit une nouvelle page de sa légende, s'offrant le luxe d'écrire presque à lui seul le scénario de la demi-finale qui opposait sa sélection à celle du Burkina Faso. Une histoire qui se termine idéalement pour les siens, puisque l’Égypte a validé son billet pour la finale au terme d'une irrespirable séance de tirs aux buts (1-1, 4-3 tab).
En l'espace de 120 minutes, El-Hadary a battu un record, en a abandonné un autre, a aussi multiplié les parades face à des Étalons inspirés. Puis il a tout simplement qualifié les siens en livrant une prestation de haut rang dans l'exercice final d'une rencontre durant laquelle il aura été maintes fois au charbon.
Le Total Man of the Match est E. EL HADARY ! Quelle performance ! #CAN2017 #BFAEGY #FootballTogether pic.twitter.com/dPPj7s0vm9
— CAF (FR) (@caf_online_FR) 1 février 2017Car il faut bien avouer que sur le pré, les Égyptiens ont vécu une soirée très compliquée. Comme face au Ghana puis au Maroc, ils ont très vite abandonné le duel des statistiques : 61 % de possession de balle et 15 tirs cadrés pour le Burkina Faso contre seulement trois aux Pharaons. Mais comme si souvent depuis le début de cette Coupe d'Afrique, l'Égypte a rappelé à ses assaillants une maxime bien cruelle : dominer n'est pas gagné.
Portés par plusieurs milliers de supporters, ce sont pourtant les Burkinabé qui sont le mieux rentré dans cette rencontre. Sur un centre en apparence inoffensif de Bertrand Traoré, El-Hadary a maladroitement repoussé du poing un ballon qu'il avait tout le temps de capter. Sa seule approximation du match. Touré Blati, à la retombée du cuir, a décoché une frappe en première intention que le portier vétéran des Pharaons a réussi à sortir d'une belle horizontale (7e).
Il a fallu attendre le quart d'heure de jeu pour que la réponse égyptienne tombe enfin : un gros tir de Mahmoud Trezeguet qui est venu tutoyer la lucarne gauche d'un Koffi visiblement battu sur le coup (16e).
L'incroyable record
Puis les Étalons ont repris leur travail de sape face à un bloc très bien regroupé. Bancé, titularisé à la pointe de l'attaque burkinabè, s'est illustré dans la surface en tentant un retourné acrobatique qui n'a pas trouvé le cadre (25e). Autour de la demi-heure de jeu, Nakoulma et Razack ont également multiplié les incursions, mais sans parvenir à régler la mire.
L’Égypte, elle, a procédé tout aussi méthodiquement que lors des tours précédents : en menant des contres éclairs. Et peu avant la pause, Kahraba est passé tout près de tromper Koffi d'une frappe vicieuse, lointaine, et que le portier des Étalons a dû repousser après rebond (38e).
Mais on retiendra surtout de cette premièrre période un impressionnant record : du haut de ses 44 ans, El-Hadary a dépassé les dix heures de jeu consécutives sans prendre de but dans une CAN. Un record qui s'étend même sur deux décennies, puisque la série avait débuté lors de la CAN-2010, avant que l’Égypte ne disparaisse des radars footballistiques continentaux en raison de la crise politique traversée par le pays.
El-Hadary brille...
Dès le retour des vestiaires, El-Hadary n'a d'ailleurs pas hésité à s'employer pour préserver un peu plus longtemps cette incroyable statistique. Il a parfaitement sorti sur sa ligne une tentative de Bertrand Traoré qui, décalé par Kaboré sur un coup franc aux abords de la surface, avait trouvé le cadre (48e).
Quelques minutes plus tard, c'est d'une claquette qu'il a sorti in extremis un centre de Nakoulma, qui s'était livré à un petit numéro d'équilibriste sur le flanc droit de la surface, avant de chercher l'un de ses coéquipiers au point de pénalty (57e).
Acculée, au bord du gouffre, l’Égypte a une fois encore trouvé les ressources pour renverser la vapeur. Sur leur première montée ou presque au cours de cette deuxième période, les Pharaons ont fait trembler les filets. Servi en retrait aux abords de la surface par Kahraba, Mohamed Salah a trouvé la lucarne de Koffi d'un superbe ballon enroulé et donné l'avantage aux siens (1-0, 66e).
... mais perd son invincibilité
Mais cette fois, l'histoire avait décidé de prendre une autre tournure. Dans les minutes qui ont suivi, El-Hadary a subi la loi de l'inévitable Aristide Bancé. Son invincibilité de plus de dix heures est tombée sur une réalisation pleine de sang froid du numéro 15 des Étalons : servi dans les airs par Kaboré, il a contrôlé de la poitrine et enchaîné sur une frappe limpide que le portier égyptien n'a pu qu'accompagner dans ses filets (72e).
#Bancé est le 1e joueur à marquer en phase finale contre l'Egypte depuis Ahmed Hassan, auteur d'un CSC vs.Cameroun en 2010. #CAN2017 #BFAEGY
— Patrick Juillard (@PatrickJuillard) 1 février 2017Galvanisés par les chants des quelque 19 000 spectateurs, les Étalons ont tenté de récidiver avant le coup de sifflet final, mais sans succès. Nakoulma (82e), Bancé (89e) puis Diawara (90e+3) se sont de nouveau heurtés au gardien des Pharaons.
Pour la légende
Visiblement épuisés par la chaleur de cette soirée gabonaise, les deux collectifs ont ensuite clairement baissé le pied. Et à l'exception de trois tentatives non cadrées, signées Bancé (93e) et Nakoulma (101e, 107e), la demi-heure supplémentaire n'a pas offert au public un spectacle à la hauteur de ce qu'il avait vu jusqu'alors.
Ce sont donc les tirs aux buts qui ont décidé du sort de cette rencontre. Une loterie qui a tout d'abord semblé profiter aux Burkinabè, lorsque El Said a manqué d'emblée sa tentative. Mais tout a basculé quelques instants plus tard. À 3-3, Koffi, le gardien des Étalons, a voulu se charger de marquer le tir suivant : El-Hadary a puni son jeune alter-ego d'une superbe horizontale sur sa gauche, avant que Warda ne permette aux Égyptiens de prendre l'avantage (4-3). Et l'immense portier égyptien de récidiver dans la foulée, même côté, en écartant la tentative de Bertrand Traoré avant d'exploser de joie.
Grâce à cette main gauche ferme et autoritaire, l'Égypte sera donc rendez-vous de la finale avec la perspective d'un huitième sacre continental. Pour le Burkina Faso, en revanche, l'aventure s'arrête là.