Un nombre croissant de leaders étrangers réagissent contre le décret anti-immigration de Trump. Dimanche, des députés irakiens ont exigé la réciprocité de la mesure et le canadien Justin Trudeau veut accueillir les réfugiés sans discrimination.
Depuis le 26 janvier, date de la signature par Donald Trump d'un décret anti-immigration visant à interdire temporairement l'accès au sol américain aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane et restreindre drastiquement l'accès aux réfugiés, les réactions se multiplient dans le monde. De très nombreux dirigeants étrangers se sont exprimés pour dénoncer cette mesure. À commencer par les leaders de certains des pays concernés que sont l'Irak, l'Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et le Yémen.
L'Iran estime que ce décret constitue une "discrimination collective" et sera en fait perçu "comme un grand cadeau aux extrémistes et à leurs protecteurs". Il "aide les terroristes à recruter en creusant la fracture initiée par les démagogues extrémistes", a tweeté dimanche 29 janvier le chef de la diplomatie, Mohammad Javad Zarif. Le pays a haussé le ton et décidé d'appliquer la réciprocité.
En Irak, les députés de la commission des Affaires étrangères du Parlement, ainsi qu'une importante coalition de groupes paramilitaires irakiens qui participe à la bataille pour reprendre Mossoul aux jihadistes du groupe État islamique, ont appelé leur gouvernement à prendre une mesure indentique. Un peu plus tôt, l'importante coalition paramilitaire du Hach al-Chaabi, dominée par des milices chiites qui combattent les jihadistes, a appelé Bagdad à interdire d'entrée les Américains sur leur territoire, en réaction à la décision de Washington. De son côté, le puissant dignitaire chiite Moqtada Sadr a condamné l'"arrogance" des autorités américaines.
Le ministère des Affaires étrangères soudanais a, pour sa part, déploré la mesure après la levée "historique" des sanctions économiques américaines le 13 janvier et demande à Washington de reconsidérer sa décision, estimant qu'il s'agit d'un "message négatif" envoyé par les États-Unis.
Tandis qu'au Yémen, le "gouvernement" de la rébellion chiite non reconnu par la communauté internationale a jugé qu'il était "illégal et illégitime" de "classer le Yémen et ses citoyens comme étant source de terrorisme ou d'extrémisme".
L'Indonésie, le pays comptant le plus grand nombre de musulmans au monde, a, lui, "profondément regretté" le décret.
Il s'agit de "restrictions injustifiées", a réagi dans un communiqué le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, déplorant également le refus de Washington d'accueillir sur son sol des réfugiés syriens jusqu'à nouvel ordre.
Des critiques de diplomates américains
Plusieurs diplomates américains ont aussi protesté officiellement contre le décret, en utilisant un "canal" officiel dit de "dissidence" pour le contester, a indiqué le département d'État sans donner de détails sur le contenu de ce texte, ni le nombre de diplomates qui le soutiennent ou l'ont signé. La Maison Blanche a cependant décidé de lancer un ultimatum à ces diplomates dissidents. "Soit ils acceptent le programme, soit ils s'en vont", a ainsi déclaré Sean Sicer, porte-parole de l'exécutif américain.
L’ancien président américain Barack Obama a tenu lui aussi à montrer sa désapprobation dans un communiqué, le premier depuis son départ de Washington, il y a dix jours. L’un de ses porte-parole, Kevin Lewis, a déclaré : "Le président est en désaccord fondamental avec la notion de discriminer des individus en raison de leur croyance ou de leur religion".
"À ceux qui fuient la persécution, sachez que le Canada vous accueillera"
En Europe et au Canada, les réactions ont été toutes aussi vives. En France, le président François Hollande a mis en garde Donald Trump, lors d'un entretien téléphonique contre "le repli sur soi" et appelé au "respect" du principe de "l'accueil des réfugiés". Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a également déclaré qu’il souhaitait l’annulation de ce décret. "Il est indispensable qu'il y ait des clarifications des autorités américaines au plus vite", a-t-il indiqué à des journalistes lors d'une visite à Téhéran. "C'est une mesure préoccupante et dangereuse", a ajouté le ministre. "Ça n'a rien à voir avec la lutte contre le terrorisme."
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La Première ministre britannique Theresa May a, elle, dans un premier temps refusé de critiquer l'initiative américaine, alors qu'un parlementaire de son parti conservateur, né en Irak, avait annoncé ne pouvoir désormais plus se rendre aux États-Unis. C'est finalement un de ces porte-parole qui a affirmé : "Nous ne sommes pas d'accord avec ce type d'approche".
Avec AFP