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Washington lance un avertissement inédit à Bagdad

Trois jours après le retrait des "boys" des zones urbaines irakiennes, le vice-président américain Joe Biden affirme que les États-Unis pourraient se "désengager politiquement" d'Irak si le pays replonge dans les violences communautaires.

AFP - Le vice-président américain Joe Biden a lancé vendredi à Bagdad une mise en garde sans précédent aux dirigeants irakiens en affirmant que son pays pourrait se désengager politiquement si l'Irak replongeait dans la violence confessionnelle ou ethnique.

"Si la violence reprenait, cela changerait la nature de notre engagement. Il a été très direct sur ce point", a affirmé un haut responsable américain qui l'accompagne après une série de rencontres avec les dirigeants irakiens, dont le Premier ministre Nouri al-Maliki.

"Si, en raison des actions de différentes parties en Irak, le pays devait replonger dans la violence confessionnelle ou tomber dans la violence ethnique, alors ce n'est pas une chose qui nous permettrait de rester engagé car ce ne serait pas dans l'intérêt du peuple américain", a-t-il ajouté.

Jamais jusqu'à présent les Etats-Unis n'avaient montré un tel agacement devant l'absence de progrès dans le règlement des problèmes qui divisent les Irakiens et qui peuvent à tout moment déboucher sur une reprise de la violence ayant plongé le pays dans le chaos en 2006 et 2007.

M. Biden est arrivé jeudi soir à Bagdad, deux jours après le retrait des soldats américains des villes d'Irak, dont l'armée et la police irakiennes assurent désormais la sécurité.

Le haut responsable américain a cité successivement les questions prioritaires de la ville de Kirkouk, l'intégration des différents groupes ethniques et confessionnels dans la société irakienne, le renforcement des institutions gouvernementales et la loi sur la répartition des richesses pétrolières qui n'a toujours pas été votée.

Kirkouk, qui repose sur des ressources pétrolières gigantesques, est au coeur d'une bataille entre les Kurdes, qui souhaitent rattacher cette ville au Kurdistan, et le pourvoir central qui rejette entièrement cette idée.

"Des quantités énormes de sang ont coulé, des ressources ont été dépensées pour aider l'Irak à se relever. Nous voulions que cela arrive mais il n'y a aucune volonté de recoller les pots cassés encore une fois si, par l'action de certains, l'Irak devait s'effondrer", a insisté le haut responsable.

Lors d'une conférence de presse au côté de M. Maliki, le vice-président s'est toutefois montré plus diplomatique.

"Le président (Barack Obama) et moi-même sommes heureux du long chemin parcouru par l'Irak depuis un an mais la voie menant à la paix et la stabilité est encore difficile. Ce n'est pas encore fini", a-t-il dit.

"Les Irakiens doivent prendre des mesures politiques et utiliser le processus politique pour résoudre leurs différends et faire avancer leur intérêt national", a insisté le numéro deux américain

M. Maliki a de son côté estimé que le retrait américain des villes "confirme la crédibilité des accords" signés avec les Etats-Unis. "Ces accords sont fidèlement respectés", a-t-il insisté, en référence à l'accord de sécurité signé en novembre dernier qui a ouvert la voie au désengagement total des forces américaines en 2011.

Vendredi, M. Biden, dont c'est la première visite en Irak depuis sa prise de fonction en janvier, s'était d'abord entretenu avec les deux plus hauts responsables américains dans le pays, le chef des forces armées, le général Ray Odierno, et l'ambassadeur Christopher Hill.

Il avait également rencontré deux responsables sunnites membres du Parti islamique et favorables à une amnistie pour les anciens baassistes, le vice-président Tarek al-Hachemi et le président du Parlement Iyad al-Samarraï. Il a également vu le vice-président chiite Adel Abdel Mahdi.

Des milliers de partisans de Moqtada Sadr ont manifesté dans leur fief de Sadr City, un quartier pauvre de Bagdad, et brûlé la bannière étoilée. "Non, non aux Etats-Unis! Non, non à l'occupation! Oui, oui à l'Irak!", scandaient certains.