Les présidents mauritanien et guinéen sont arrivés, vendredi, à Banjul, afin de convaincre Yahya Jammeh de céder le pouvoir à son successeur Adama Barrow. L'ultimatum qu'a fixé la Cédéao au chef de l'État sortant a expiré à midi.
Persuader Yahya Jammeh de céder pacifiquement le pouvoir au nouveau chef de l’État Adama Barrow. Telle est la mission des président de Guinée, Alpha Condé, et de Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui sont arrivés à Banjul, vendredi 20 janvier, pour une tentative de médiation de la dernière chance.
"Nous avons encore toutes les chances de parvenir à une solution pacifique", a assuré à la presse Mohamed Ould Abdel Aziz, peu avant de prendre l'avion pour Banjul avec Alpha Condé.
Vers un exil de Jammeh ?
Alpha Condé et Mohamed Ould Abdel Aziz vont "proposer au président Jammeh des pistes de solution, notamment un exil dans un pays de son choix", a expliqué à l'AFP le secrétaire général de la présidence guinéenne, Kiridi Bangoura.
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a donné au président sortant, au pouvoir depuis 1994, jusqu'à vendredi midi pour quitter ses fonctions, après sa défaite lors de l'élection présidentielle du 1er décembre. Yahya Jammeh a demandé que ce délai soit repoussé de quatre heures, selon des sources gouvernementales citées par Reuters. Aucune indication n'a pu être obtenue dans l'immédiat sur un éventuel report du délai.
Le chef de la commission de la Cédéao, Marcel de Souza, a souligné que l'ultimatum adressé à Yahya Jammeh était clair et qu'on lui avait offert d'aller en Guinée avant de choisir un pays d'exil. "Il est hors de question qu'il demeure en fonction", a insisté Marcel de Souza.
Le sort de de l’ex-président gambien, également lâché par son chef d'état-major de l'armée, le général Ousman Badjie, longtemps considéré comme un pilier du régime, ferait en fait débat, dit-on de source diplomatique. Ses partisans assurent qu'il pourra rester dans le pays et vivre dans sa résidence fortifiée de Kanilai, à un kilomètre de la frontière sénégalaise. Dakar, en revanche, dit-on, insiste pour qu'il s'exile.
Les civils fuient le pays
Toujours est-il que le blocage de la situation politique et les menaces d'intervention militaire ont effrayé nombre de Gambiens. Environ 45 000 personnes, surtout des enfants, ont fui la Gambie à destination du Sénégal depuis le 1er janvier, a indiqué, vendredi, le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés.
"Les prochains jours seront déterminants et d'autres personnes pourraient quitter le pays si la situation actuelle ne trouve pas rapidement une solution pacifique", précise le HCR dans un communiqué.
Dans un premier temps, Yahya Jammeh, imprévisible et accusé de violations des droits de l'Homme par de nombreuses ONG internationales, avait reconnu sa défaite face à Adama Barrow, avant de se raviser et de contester la régularité des résultats de l'élection présidentielle.
C'est depuis Dakar, que le nouveau président a prêté serment jeudi après-midi, dans les locaux de l'ambassade gambienne, où il est accueilli depuis le 15 janvier à la demande de la Cédéao.
Avec AFP et Reuters