
Un centre d’hébergement d’urgence destiné à accueillir et orienter un public dit "vulnérable" a ouvert ses portes, jeudi, à Ivry-sur-Seine. Le site pourra héberger jusqu’à 400 personnes sur une durée allant de trois à cinq mois.
Dans un froid glacial, une petite dizaine de migrants fait leur entrée dans le centre d’hébergement d’urgence d’Ivry-sur-Seine, en région parisienne, jeudi 19 janvier. Des femmes et des couples, accueillis par des employés d’Emmaüs Solidarité, investissent les lieux sous le regard des ouvriers, qui s’activent pour terminer le reste du chantier dans les temps.
L’ouverture du centre est une première étape. C’est à la mi-mars qu’il devrait être totalement opérationnel et atteindre sa pleine capacité. Il est destiné à héberger 350 personnes dites "vulnérables", à savoir les familles, les couples et les femmes isolées, ainsi que 50 Roms qui dorment actuellement dans les rues d’Ivry-sur-Seine. Seules 91 personnes peuvent s’y installer dès maintenant.
Un lieu de transit
Après s’être présentés dans la "bulle d’accueil" du centre de la Chapelle, ces migrants seront directement orientés vers le site d’Ivry. Mais leur séjour n’y est pas supposé durer. "Ces lieux sont des zones de transit", précise Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs. "L’objectif de ce lieu est un hébergement de courte durée", insiste-t-il.
Les migrants resteront ainsi dans ce centre entre trois et cinq mois, "le temps de faire leur démarche de demande d’asile" auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Ils seront ensuite redirigés vers les centres d’accueil et d’orientation en région (CAO), faute de places en centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA).
Pour "accompagner, intégrer et soutenir au mieux" les migrants, qui pour la plupart sont originaires d’Érythrée, du Soudan ou d’Afghanistan, 80 salariés d’Emmaüs et une dizaine de bénévoles par jour seront présents sur le site.
Une école et une permanence santé
Situé dans l’ancienne usine des Eaux de Paris, le lieu qui s’étend sur 4 800 m2 sera composé de six îlots d’hébergement avec des appartements en bois et chauffés, allant de 12 m2 à 45 m2, selon la situation familiale des occupants. Le centre est conçu comme un village qui s’articule autour d’une yourte. Dans cette structure, inspirée de l’habitat mongol, les migrants pourront prendre leur repas et participer aux activités collectives et être aidés dans leurs démarches administratives.
Les chambres ou seront accueillis les #migrants #ivry pic.twitter.com/4PqyHYfdOc
— Leslie Carretero (@CarreteroLeslie) 19 janvier 2017Une autre yourte doit prochainement trouver sa place. Elle sera exclusivement dédiée au pôle santé qui devrait voir le jour début février, en partenariat avec psychologues du monde, gynécologie sans frontières, pédiatres du monde et médecins du monde. "On recrée un véritable cabinet médical", développe Bruno Morel. Dès vendredi 20 janvier, en revanche, une permanence santé du Samu social sera établie. En plus de cette unité consacrée aux soins, une école doit ouvrir.
La 1ere yourte dans laquelle les repas seront distribués #ivry #migrants pic.twitter.com/wV1hMami0s
— Leslie Carretero (@CarreteroLeslie) 19 janvier 2017Toutefois, dans le voisinage, le site financé à 80 % par la Mairie de Paris et 20 % par l’État ne fait cependant pas l’unanimité. Une riveraine croisée aux abords du lieu, estime que "400 personnes, c’est quand même beaucoup". Même son de cloche au café du coin, où selon la serveuse, "on ferait mieux de s’occuper des SDF avant de mettre à l’abri les migrants". Reste à savoir si les 400 places prévues à Ivry seront suffisantes pour combler les besoins en hébergement. Deux mois après l’ouverture de celui de La Chapelle, le centre semble saturé et des campements éphémères se reforment régulièrement autour.