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Les propos de Trump sur sa vision iconoclaste de l’Europe ont fait réagir plusieurs responsables européens. Si Paris et Berlin réaffirment l’unité de l’UE, Londres a manifesté son empressement à signer un accord commercial rapide avec les États-Unis.

Le pavé jeté dans la mare européenne par Donald Trump, qui a étrillé dimanche l'UE dans des entretiens accordés à la presse européenne, a fait des vagues dans les chancelleries du Vieux Continent lundi 16 janvier. Le couple franco-allemand a ainsi fait vœux de resserrer les liens de l’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni s’est félicité de la proposition d’un accord commercial "rapide" sur le Brexit.

Le succès du Brexit, "l'erreur catastrophique de Merkel" sur les migrants, l'Otan "obsolète": Donald Trump a multiplié les déclarations choc en commentant dimanche l'actualité européenne, cinq jours avant sa prise de fonctions vendredi à la Maison Blanche.

Le président français François Hollande a réagi lundi soir, spécifiant que l'Europe "n'a pas besoin de conseils extérieurs pour lui dire ce qu'elle a à faire" et que l'Alliance atlantique "ne sera obsolète que lorsque les menaces le seront devenues elles aussi".

Le retour du couple franco-allemand

En qualifiant le Brexit de "succès", le futur président américain s’est clairement positionné dans le camp des critiques de l’Union européenne. En réponse, le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a estimé, lundi, à son arrivée à une réunion de l'UE à Bruxelles, que "la meilleure réponse à l'interview du président américain, c'est l'unité des Européens", c'est de "faire bloc".

"Les déclarations de M. Trump interpellent, c'est pourquoi j'attends avec impatience que le secrétaire d'État américain qui va succéder à John Kerry, Rex Tillerson, puisse prendre rapidement ses fonctions pour que je le rencontre, pour qu'on puisse discuter de tous les points importants", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, citant l'avenir des relations avec la Russie, la question ukrainienne, ou encore l'accord sur le nucléaire iranien.

Selon lui, la gestion des "affaires du monde", demande "de plus en plus de régulation", "de concertation", et de "multilatéralisme" et "non pas le retour au nationalisme et au chacun pour soi".

La chancelière allemande Angela Merkel a abondé, lundi, dans le sens du chef de la diplomatie française. "Je pense que nous les Européens avons notre destin entre nos propres mains. Je vais continuer de m'engager pour que les 27 États membres travaillent ensemble vers l’avenir (...) face aux défis du XXIe siècle", a-t-elle déclaré, interrogée lors d'une conférence de presse sur le soutien de Donald Trump à la sortie du Royaume-Uni de l'UE.

"L'Europe doit se ressaisir"

Même son de cloche du côté des sociaux-démocrates (SPD), alliés au gouvernement allemand des conservateurs d'Angela Merkel : "L'Europe, dans la phase actuelle où nous sommes affaiblis, doit se ressaisir, elle doit agir avec assurance et défendre ses propres intérêts", a dit au quotidien Bild le vice-chancelier Sigmar Gabriel, également ministre de l'Économie et chef du SPD.

Le vice-chancelier a aussi répondu aux critiques de Donald Trump sur l'accueil par l'Allemagne de plus d'un million de demandeurs d'asile, fuyant notamment les guerres en Syrie en Irak, en soulignant que ces flux étaient la conséquence de la politique américaine au Moyen-Orient, en particulier l'invasion de l'Irak en 2003.

Le secrétaire d'État américain sortant, John Kerry, a pour sa part désapprouvé lundi soir les propos de Donald Trump sur la politique migratoire d'Angela Merkel, et estimé qu'elle a, au contraire, été "extrêmement courageuse". Le président américain élu avait évoqué "une erreur catastrophique". "Je pense très franchement qu'il était déplacé pour le président élu des Etats-Unis de s'immiscer dans les affaires d'autres pays de manière aussi directe", a déploré John Kerry lors d'une interview à CNN International.

Une "bonne nouvelle" pour Londres

Londres n’a en revanche pas caché sa joie après la déclaration de Trump réaffirmant sa volonté de conclure "rapidement" un accord commercial avec le Royaume-Uni.

"C'est une très bonne nouvelle que les États-Unis veuillent conclure un bon accord commercial avec nous", a déclaré le chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson, en arrivant à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles, ajoutant que cet accord devait être "dans l'intérêt des deux parties". L’ancien héraut des pro-Brexit a cependant déclaré que le Royaume-Uni continuait à soutenir l’accord nucléaire avec l’Iran, l’une des principales avancées de la diplomatie internationale dans la ligne de mire du milliardaire républicain.

Avec AFP