
Les délégations de près de 70 pays se réunissent, dimanche à Paris, pour tenter de relancer les négociations entre Israël et la Palestine. Mais le sommet est critiqué par le président israélien, qui l'a qualifié d'"inutile et truqué".
Un miracle en Terre sainte ? C’est ce que veulent espérer les 70 pays et organisations internationales qui se réunissent, dimanche 15 janvier à Paris, afin de ressusciter une solution à deux États pour mettre fin au conflit israélo-palestinien. Celle-ci est en état de mort clinique après plusieurs années marquées par une intensification de la colonisation juive en territoire palestinien.
Le timing de la conférence est crucial : l’arrivée de Donald Trump au pouvoir dans cinq jours signifie que les États-Unis pourraient bientôt "débrancher" formellement ce processus de paix moribond. L’enjeu pour la diplomatie française consiste donc à graver dans le marbre les paramètres d’une paix à deux États.
Depuis la suspension en avril 2014 des dernières négociations de paix directes entre Israël et l’Autorité palestinienne, la France tente de raviver ce processus de paix mais se heurte au refus de l’État hébreu de participer à des discussions multilatérales.
Ni les Israéliens, ni les Palestiniens ne seront présents dimanche à Paris. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a fait savoir que pour lui, la conférence de Paris était "inutile" et "truquée".
Quels sont les objectifs, le contenu et les participants de la Conférence pour la Paix au Proche-Orient à Paris demain ? #InitiativePaix pic.twitter.com/uB6KjO5WQ7
— FranceDiplomatie???????? (@francediplo) 14 janvier 2017Le futur président des États-Unis s’est engagé à mettre en œuvre une politique plus favorable à Israël que celle de son prédécesseur démocrate Barack Obama. Il a promis de transférer l’ambassade des États-Unis en Israël de Tel Aviv, où elle est installée, comme celles de très nombreux autres pays, à Jérusalem, qu’Israël estime être sa capitale, mais que les Palestiniens revendiquent aussi comme capitale de leur futur État.
La proclamation de Jérusalem comme capitale d’Israël n’est pas acceptée par la communauté internationale, qui considère que Jérusalem-Est, occupé par Israël après la guerre des Six-Jours, fait partie des territoires d’un futur État palestinien, avec la Cisjordanie et Gaza.
"Cinq jours avant qu’il (Trump) ne devienne président, il n’est pas négligeable que 70 pays rappellent la nécessité d’une solution à deux États au moment où son gouvernement pourrait mettre en œuvre des mesures discutables qui pourraient aggraver les choses", dit-on dans les milieux diplomatiques français.
La réunion de Paris n’a pas pour but d’imposer quoi que ce soit à Israël ou aux Palestiniens. Le président français François Hollande lui-même s’est dit "lucide" jeudi dernier sur la conférence, soulignant que seules des négociations bilatérales entre les deux parties peuvent résoudre le conflit.
Attentisme
Le projet de communiqué final consulté par Reuters réaffirme l’importance des résolutions internationales déjà adoptées sur le sujet, appelle les deux parties à réaffirmer leur engagement pour une solution à deux États et à désavouer ceux qui la rejettent et demande aux protagonistes de "s’abstenir d’initiatives unilatérales qui préjugeraient de l’issue des négociations sur le statut définitif".
Le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas a fait savoir samedi dans une interview au journal Le Figaro qu’il avait écrit à Donald Trump pour lui dire que déplacer l’ambassade des États-Unis à Jérusalem tuerait le processus de pays et ne permettrait plus aux États-unis de jouer le rôle de médiateur et pourrait même inciter les Palestiniens à revenir sur leur reconnaissance d’Israël.
Les relations entre les États-Unis et Israël se sont tendues pendant la présidence démocrate de Barack Obama. Elles ont touché le fond le mois dernier quand Washington a refusé de mettre son veto à une résolution des Nations unies exigeant la fin des colonies juives de peuplement dans les territoires palestiniens.
Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a déclaré fin décembre que les colonies menaçaient la paix au Proche-Orient et que la solution à deux États était en "grand danger".
La France estime qu’avec l’incertitude concernant la politique de la nouvelle administration américaine républicaine, il est important de ramener les parties vers les négociations plutôt que de laisser le statu quo s’installer.
Mais, avec les élections cette année en France et en Allemagne, et un Royaume-Uni qui semble vouloir s’aligner sur la position de l’administration Trump sur la question, il paraît improbable de voir l’Union européenne, principal partenaire économique et d’Israël et des Palestiniens, prendre l’initiative sur ce dossier.
Quant aux États arabes, ils semblent vouloir adopter une attitude attentiste avec l’arrivée de Donald Trump.
Avec Reuters