Un accord a finalement été trouvé vendredi soir entre les militaires mutins de Bouaké et le gouvernement ivoirien au terme d'une journée pleine de tensions et émaillée de tirs dans plusieurs casernes du pays.
Les négociations auront été plus longues et plus difficiles que prévues. Arrivé vendredi 13 janvier à 14 h à Bouaké, le ministre de la défense Alain-Richard Donwahi n'est reparti que vers 22 heures de l'épicentre de la mutinerie de soldats qui agite la Côte d'Ivoire depuis le 5 janvier. Mais la patience a semble-t-il porté ses fruits puisqu'un accord a été trouvé.
"Un accord a été trouvé à Bouaké (centre) entre le chef d'état-major, le ministre de la Défense et les militaires" mutins, a affirmé une source proche de la présidence à l'AFP.
Sur place, les militaires mutins ont laissé éclater leur joie. "Nous sommes contents. On a trouvé un accord", ont affirmé plusieurs soldats à l'AFP, sans vouloir révéler le contenu de celui-ci.
"Les militaires ont accepté de rentrer dans les casernes et les tirs ont cessé pour cette raison à Bouaké", a affirmé une source locale à Bakoué. Selon cette même source, les mutins ont obtenu une prime de 5 millions de francs CFA (7 622 euros).
Une journée de tensions
La tension était montée tout au long de la journée, certains craignant que le ministre soit pris en otage et que le pays bascule dans une mutinerie généralisée.
En début de soirée, les mutins, visiblement mécontents, avaient repris le contrôle des accès à Bouaké, après avoir ordonné vers 17h en tirant en l'air aux nombreux journalistes présents de quitter les environs de la résidence du préfet, théâtre des négociations.
Ils avaient auparavant dispersé dans la matinée, en tirant en l'air également, des manifestants qui scandaient notamment "On a faim, on veut travailler!".
Des tirs sporadiques étaient régulièrement audibles tout au long de la journée et de la soirée. Comme la semaine dernière, plusieurs autres casernes dans le pays avaient pris le relais. De nombreux coups de feu ont ainsi été tirés vendredi dans la caserne d'Akouedo, le plus grand camp militaire d'Abidjan, mais aussi à Odienné (nord-ouest) et à Bondoukou (centre-est).
Quel financement pour l'accord ?
De source proche du dossier, ils réclamaient notamment environ 10 millions de francs CFA par personne (15 245 euros), un montant jugé "complètement déraisonnable" par une autre source militaire.
Avec les 5 millions obtenus selon la source locale, les militaires vont recevoir une somme qui avoisine certaines leurs premières revendications. Le montant est très important si on le compare au niveau de vie des 20 millions d'Ivoiriens, dans un pays où les revenus des classes sociales basses ne dépassent souvent pas 100 000 F CFA mensuels (152 euros).
Reste à savoir comment sera financée la promesse, alors que le gouvernement fait face à une grève des fonctionnaires qui réclament aussi des augmentations salariales et refusent la réforme des retraites engagée en 2016.
Avec AFP