
En collaboration avec le Bureau d'accueil et d'accompagnement des migrants (BAAM), l'artiste plasticien Pierre Delavie a installé la photographie d'une barque de réfugiés faisant naufrage, dans la Seine.
Le mercredi 11 janvier, une barque de réfugiés a fait naufrage dans la Seine. Du moins, c'est ce qu'on pouvait croire en apercevant de loin l'œuvre d'art qui y était installée.
Ce sont l'artiste français Pierre Delavie et le Bureau d'accueil et d'accompagnement des migrants (BAAM) qui sont à l'origine de cette campagne de sensibilisation, intitulée "Le Radeau de Lampéduse". L'idée : alerter les Parisiens sur l'urgence de la situation des réfugiés qui se noient en mer Méditerranée.
Sensibiliser les Parisiens
La bâche représente une photo, prise par la Marine italienne en mai 2016. "Je suis très touché par ce qui se passe en Méditerranée. J'ai vu cette photo à l'époque, je l'ai découpée et gardée avec moi", raconte Pierre Delavie à Mashable FR. "À chaque fois que je retombais dessus, ça me bouleversait."
Chilling photo sequence: Migrant/refugee boat flips over off Libya coast, most rescued by Italian Navy. Least 7 dead pic.twitter.com/xRFUqJiGT1
— benwedeman (@bencnn) 25 mai 2016
L'artiste décide alors d'en faire une œuvre et s'associe avec le BAAM, dont il croise la présidente Héloise Mary à une projection de film sur le sujet.
"Ce n'est pas à moi de parler des migrants, je suis un artiste", explique Pierre Delavie à Mashable FR. "Mais cette campagne permet de donner la parole au BAAM sur le sujet, les personnes les mieux placées pour en parler."
"Ça se passe juste à côté de nous"
Si Pierre Delavie a nommé son œuvre "Le Radeau de Lampéduse", c'est pour induire une double référence : Lampedusa d'abord, île au large des côtes grecques autour de laquelle de nombreux naufrages de bateaux remplis de réfugiés ont eu lieu.
"Aujourd'hui, on est dans l'indifférence"
Et puis le Radeau de La Méduse, cet épisode tragique peint par Théodore Géricault. "C'est arrivé il y a 200 ans exactement", explique Pierre Delavie. "Ce drame a secoué toute la population, qui s'est sentie concernée, cela a créé un vrai débat de société. Aujourd'hui, on est dans l'indifférence."
Pour l'artiste, il faut rappeler aux Français, en l'occurrence aux Parisiens, que cette tragédie n'est pas si éloignée d'eux : "C'est un travail sur les différences. Tout cela se passe tout près d'ici, mais on considère que c'est loin, que cela ne nous regarde pas", analyse l'artiste pour Mashable FR.
Pour cette raison, l'artiste a légèrement modifié la photo imprimée sur la bâche : "J'y ai rajouté des photos, des portraits de Parisiens pris au hasard, comme s'ils étaient des réfugiés en détresse eux aussi", décrit Pierre Delavie. "Pour rappeler à tout le monde que eux, c'est aussi nous."
– Le site de l'artiste plasticien Pierre Delavie
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