logo

L'économie mexicaine mise à mal par les déclarations de Donald Trump

L’arrivée de Donald Trump au pouvoir le 20 janvier tombe mal pour Mexico, dont l'économie dépend beaucoup de ses échanges avec les États-Unis. Le président américain compte notamment faire payer à son voisin la construction d’un mur anti-migrants.

À mesure que l'investiture du président élu américain Donald Trump approche, le Mexique se prépare à entrer dans une nouvelle ère, très tendue, avec son voisin du Nord et principal partenaire commercial.

Le milliardaire new-yorkais, qui avait notamment qualifié, pendant sa campagne, les clandestins mexicains de "violeurs", a réitéré, mercredi lors de sa première conférence de presse depuis son élection, sa volonté de faire payer Mexico la construction d’un mur anti-migrants à la frontière entre les deux pays.

Quelques heures après l’énième charge de Donald Trump contre son pays, le président mexicain Enrique Peña Nieto a répliqué en affirmant que son gouvernement ne paierait pas le "mur". Bien conscient des enjeux capitaux qui lient l’économie de son pays à celle de son puissant voisin, il a toutefois assuré vouloir œuvrer à une "bonne relation" avec Washington où tout serait sur la table, qu'il s'agisse "de sécurité, d'immigration ou de commerce".

"Le mur entre les deux pays existe déjà, donc pour les Mexicains, il a plutôt une portée symbolique, révélatrice des types de relations diplomatiques qui cherche à construire Donald Trump avec son voisin du Sud, précise Laurence Cuvillier, correspondante de France 24 à Mexico. Ce qui est bien plus inquiétant pour le Mexique, ce sont les projets du futur président américain, qui auront des conséquences sur l’économie."

L’impact économique des sorties anti-mexicaines de Trump

Concentrant sur son voisin sa rhétorique anti-délocalisation et anti-immigration, le magnat de l’immobilier a notamment menacé, avec succès, d’infliger "une importante taxe frontalière" aux entreprises américaines qui produisent au Mexique. Il a également promis pendant la campagne présidentielle de revoir des traités commerciaux comme l'Alena, un accord signé en 1994, qui institue une zone de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique.

Or, indéniablement, ces sorties anti-mexicaines successives semblent avoir déjà eu un impact sur l’économie mexicaine. En novembre, la Banque centrale mexicaine avait pris les devants en annonçant revoir à la baisse ses prévisions de croissance après l'élection de Donald Trump.

Mercredi, le peso mexicain a touché un creux historique à 22 pesos pour un dollar, peu après le début de la conférence de presse de Donald Trump, avant un léger rebond. La devise, qui a perdu plus de 10 % de sa valeur contre le billet vert américain dans les jours qui ont suivi l'élection du candidat républicain, est repartie à la baisse depuis le début de l'année.

"À la suite de l’action de Donald Trump, les investissements annoncés par Ford, General Motors et Toyota sont actuellement suspendus. Or, ils auraient généré des milliers d’emplois au Mexique", explique le Jean-Jacques Kourliandsky chercheur à l’Iris, dans une analyse publiée sur le site du think tank français. "Si Donald Trump confirme ses intentions de campagne électorale et pénalise les entreprises qui investissent au Mexique, les répercussions seront négatives pour les Mexicains comme pour les entreprises étatsuniennes."

Une économie déjà fortement déstabilisée

L’arrivée au pouvoir du nouveau président américain tombe au plus mal pour l’économie mexicaine, fragilisée par la chute du prix du pétrole, dont elle est dépendante, autant qu’elle dépend de ses échanges avec les États-Unis.

En effet le pays qui, bien que doté d'importantes réserves pétrolières, importe plus de la moitié du carburant qu'il consomme, et doit faire face à l’augmentation des prix des carburants, qui a atteint jusqu'à 20,1 % début janvier. Une hausse brutale à l’origine des mouvements sociaux d’une ampleur inédite, en cours au Mexique depuis le début de l’année.

Le président Enrique Peña Nieto a justifié cette augmentation par la décision de son gouvernement de ne pas amputer les programmes de santé et d'aide sociale pour compenser la baisse des revenus pétroliers.

C’est dans ce contexte, que le gouvernement du président a en plus annoncé sa volonté de mettre en place des "mesures d'austérité", qui prévoient notamment la baisse de 10 % du salaire des haut fonctionnaires, mesures qui s'ajoutent à la baisse de 1,7 % du budget prévu cette année par rapport à 2016.

Seule consolation pour les Mexicains, en ce triste début d’année : l’officialisation en début de semaine de la signature d'un accord gouvernemental avec des entreprises, des syndicats et des organisations paysannes permettant d'éviter l'augmentation des prix des produits de base.

Avec AFP et Reuters