
L'ex-chef rebelle kosovar Ramush Haradinaj a été libéré, jeudi, et placé sous contrôle judiciaire à Strasbourg. Il avait été arrêté à l'aéroport de Bâle-Mulhouse sur demande de la Serbie, qui le soupçonne de crimes de guerre.
La justice française a ordonné, jeudi 12 janvier, la remise en liberté de l'ancien chef rebelle kosovar Ramush Haradinaj, arrêté le 5 janvier à l'aéroport de Bâle-Mulhouse à la demande de la Serbie, tout en le plaçant sous contrôle judiciaire pour qu'il reste en France en attendant la suite de la procédure.
La Serbie veut juger cet ex-haut responsable de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), brièvement Premier ministre en 2004-2005, qu'elle soupçonne de crimes de guerre sur des civils durant la rébellion contre les forces de Belgrade (1998-1999).
La justice lui a ordonné de déposer son passeport auprès de la police française et de répondre à une future convocation, lorsque la demande d'extradition formulée par la Serbie sera examinée sur le fond, ce qui devrait prendre plusieurs semaines. Pour l'heure, cette demande n'est pas encore officiellement parvenue aux magistrats de la cour d'appel de Colmar.
Cette remise en liberté, après une semaine en détention, est "une première étape" pour l'ancien chef rebelle, âgé de 48 ans, a commenté son avocate, Me Rachel Lindon. "La suite sera évidemment l'annulation de la notice Interpol qui n'a pas lieu d'être, et de la demande d'extradition qui doit être refusée", a-t-elle ajouté. "Ces accusations qui viennent de la Serbie sont purement politiques", a déclaré d'une voix calme l'ancien Premier ministre kosovar, devant les magistrats.
Tortures et traitements inhumains
À l'audience, la présidente de la chambre d'instruction a précisé que, selon les informations communiquées à Interpol, la Serbie reproche à Ramush Haradinaj d'avoir ordonné, en 1999, au Kosovo, la "détention illicite de civils", lesquels ont "subi des tortures, traitements inhumains et viols". "Certains ont été tués, parfois des mains même de M. Haradinaj", selon les accusations de Belgrade.
Cette affaire menace le fragile dialogue amorcé par la Serbie et le Kosovo, suscitant une tension inédite depuis 2013. Député et opposant au président Hashim Thaçi, Ramush Haradinaj bénéficie d'une grande popularité auprès de nombreux Kosovars qui le considèrent comme un héros de la guerre d'indépendance de 1998-1999 contre les forces de Belgrade.
L'arrestation de cet ancien haut responsable de l'UCK, acquitté en 2008 et 2012 par la justice internationale, suscite un vif émoi au Kosovo, mais aussi en Albanie. Ultime conflit ayant déchiré l'ex-Yougoslavie, la guerre au Kosovo a fait 13 000 morts. Elle a conduit à la sécession de cette région majoritairement peuplée d'Albanais mais que la Serbie considère comme son berceau historique. Le Kosovo a déclaré en 2008 son indépendance, désormais reconnue par plus de 110 pays, dont la France.
Avec AFP