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Pour ses derniers vœux aux ambassadeurs, François Hollande a évoqué les dossiers brûlants de politique internationale. L'occasion de dresser son bilan en matière de politique extérieure et de réaffirmer la place de la France dans le monde.

"La France à une responsabilité dans le monde". Pour ses derniers vœux adressés, jeudi 12 janvier, au Corps diplomatique en tant que président, François Hollande s’est employé à dresser un bilan de son action menée à l’international tout en réaffirmant la volonté de Paris, en ces temps de "grands bouleversements", à rester dans le concert des Nations.

Syrie, conflit israélo-palestinien, Donald Trump, Russie… Le chef de l’État a évoqué les grands dossiers de politique étrangère. Revue de détails.

• Syrie

Sur la question syrienne, François Hollande a regretté que les États-Unis de Barack Obama ne soient pas intervenus en 2013, alors que le régime de Bachar al-Assad avait utilisé des armes chimiques contre les civils. "La France y était prête", a rappelé le chef de l'État français.

"Plus qu'un regret, c'est un os qui n'a pas été avalé, estime Gauthier Rybinski, journaliste de France 24, spécialiste des questions internationales. Barack Obama qui ne souhaitait pas intervenir a profité à l'époque d'une offre de la Russie qui consistait à demander à Bachar al-Assad de démanteler son arsenal chimique. Les Américains en sont restés là et les Français, comme lâchés en pleine campagne, ont dû remballer leurs forces et se tourner vers autre chose. Pour François Hollande, ce faut une énorme déception."

Aujourd'hui, le président appelle à une reprise rapide des pourparlers sur le conflit. "Les négociations doivent reprendre au plus vite" et être menées "dans le cadre qui a été fixé dès 2012 à Genève", a-t-il affirmé. "Nous devons également impliquer tous les acteurs de la région et je n'en écarte aucun", a-t-il ajouté, citant notamment l'Iran.

• Proche-Orient

Alors que Paris accueillera dimanche une conférence internationale pour la paix au Proche-Orient, François Hollande a tenu à souligner que seules des négociations bilatérales pouvaient déboucher sur une solution au conflit israélo-palestinien. L'objectif de la conférence "c'est de réaffirmer le soutien de la communauté internationale à la solution des deux États, et faire que cette solution demeure la référence", a-t-il indiqué. Et d’ajouter : "En même temps, je suis lucide sur ce que peut apporter cette conférence : la paix, elle sera faite par les Israéliens et les Palestiniens, et par personne d'autre. Seules des négociations bilatérales peuvent aboutir."

Alors que François Hollande s’exprimait devant les ambassadeurs, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a qualifié "d'imposture palestinienne sous les auspices de la France" la conférence de Paris destinée, selon lui, "à prendre encore plus de positions anti-israéliennes". Cela fait reculer la paix, et nous ne serons pas liés" par les résultats, a-t-il estimé.

• États-Unis

Sans le citer une seule fois nommément François Hollande a prévenu le président élu américain, Donald Trump, que "la France sera autonome dans ses choix" face aux États-Unis.

La France, a-t-il insisté, "saura prendre avec la liberté qui la caractérise des positions qui peuvent parfois être différentes [de celles des États-Unis] si nous pensons qu'elles sont ni conformes à nos intérêts, ni à nos valeurs". Le président a également évoqué "l'intransigeance" de la France sur ce qui fait sa "force dans le monde" à savoir son "indépendance".

"À quelques jours de la fin du mandat du président Obama, je tiens d'abord à lui dire toute notre amitié et à saluer la qualité de la relation que nous avons nouée", a-t-il ajouté en rappelant les réussites du partenariat entre les deux pays : "Nous avons négocié ensemble l'accord sur le nucléaire avec l'Iran" et "travaillé main dans la main pour obtenir le traité sur le climat" à l'issue de la COP-21 réunie à Paris. Nous avons eu une commune détermination pour lutter contre le terrorisme et une solidarité qui ne s'est jamais démentie", s'est-il également félicité.

• Russie

À propos de la Russie, François Hollande a lancé à ses successeurs à l'Élysée, qu'"il ne suffit pas de répéter à l'envi qu'il ‘faut parler à la Russie’" pour régler les crises, notamment syrienne et ukrainienne. "Les problèmes ne disparaissent pas dès lors que nous en parlons, ce serait tellement simple. Il n'y a pas de diplomatie verbale. Il y a une diplomatie active. Le reste, c'est une illusion", a déclaré le chef de l'État.

Pour François Hollande, dont la position vis-à-vis de Moscou est souvent critiquée, "le dialogue est essentiel. Mais il doit être sans concession sur nos intérêts et sur nos principes. C'est ce qui a expliqué ma décision de ne pas livrer les Mistral à la Russie, ces bâtiments de protection de force, dont on sait comment ils auraient pu aujourd'hui être employés".

La Russie est "un partenaire pour la France, du fait de l'amitié ancienne entre nos deux peuples et des intérêts que nous partageons. J'ai eu à de nombreuses reprises à rencontrer Vladimir Poutine et à lui parler pour évoquer l'ensemble des crises. Je n'ai jamais pensé qu'il soit possible de se passer de la Russie pour apporter une réponse à ces crises", a-t-il également déclaré en citant l’exemple de l'accord sur l'Iran ou le conflit en Ukraine.

Avec AFP et Reuters