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Anders Breivik adresse de nouveau un salut nazi au tribunal

Lors de l'ouverture du procès en appel sur ses conditions de détention, mardi, le meurtrier norvégien Anders Breivik a fait un salut nazi. Une provocation jugée "insultante" par le tribunal. Il avait déjà effectué ce geste en première instance.

L'extrémiste de droite norvégien Anders Behring Breivik, auteur d'une tuerie qui a fait 77 morts en 2011, a de nouveau attiré l’attention sur lui, mardi 10 janvier. À l’ouverture de son procès sur ses conditions de détention, dans le gymnase de la prison de Skien (sud) où il est incarcéré, il a adressé un salut nazi à la presse, une provocation jugée "insultante" par le tribunal. L'extrémiste, coutumier des provocations, avait déjà effectué ce geste en première instance.

Cela lui a immédiatement valu de nouvelles remontrances du tribunal. "C'est un comportement insultant à l'égard de la dignité de la Cour et perturbant pour ce que l'on doit examiner ici", a déclaré le juge Oystein Hermansen, chargé de conduire les débats pendant les six jours de procédure.

En costume sombre, le crâne rasé et la barbe touffue, Anders Breivik s'est engagé d'une voix quasi inaudible à ne pas reproduire son geste.

Épreuve pour les victimes

Le geste d'Anders Breivik et son retentissement médiatique sont aussi une épreuve de plus imposée aux survivants et aux familles des victimes, qui ont choisi pour la plupart de garder le silence.

"Pour beaucoup d'entre nous, le combat incessant se poursuit pour une vie bonne et digne (..) alors que les médias accordent sans cesse un podium au cirque Breivik", a déploré sur Twitter Viljar Hanssen, qui avait été atteint de cinq balles dans les attaques du 22 juillet 2011.

Ce jour-là, Anders Breivik avait traqué pendant plus d'une heure les participants d'un camp d'été de la Jeunesse travailliste, piégés sur l'île d'Utoya, abattant 69 d'entre eux, pour la plupart adolescents. Un peu plus tôt, il avait tué huit autres personnes en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo.

Condamné en août 2012 à une peine de 21 ans de prison susceptible d'être prolongée indéfiniment, l'extrémiste de 37 ans dispose en prison de conditions confortables avec trois cellules où il peut regarder la télévision, jouer aux jeux vidéo ou encore utiliser des appareils de musculation.

Dans une décision qui a provoqué la stupeur, notamment parmi les proches des victimes, l'État norvégien a pourtant été condamné en avril dernier pour traitement "inhumain" et "dégradant" en violation de l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'Homme.

En cause, l'isolement prolongé d'Anders Breivik, détenu pour des raisons de sécurité à l'écart des autres prisonniers depuis cinq ans et demi. L'État avait alors fait appel de cette décision.

"L'homme le plus dangereux de Norvège"

Dans l'exposé liminaire qu'il a commencé mardi, le Procureur général chargé de représenter l'État, Fredrik Sejersted, a affirmé qu'Anders Breivik recourait sciemment aux provocations comme les saluts nazis pour faire les gros titres et attirer l'attention sur son message idéologique.

Son état psychologique devrait être au centre de ce nouveau procès civil, l'avocat Oystein Storrvik évoquant la "vulnérabilité mentale" de son client du fait de ses conditions de détention.

Les autorités contestent qu'Anders Breivik soit maintenu à l'isolement, faisant valoir notamment ses multiples contacts avec les surveillants, le personnel médical, son avocat ou encore un pasteur. "À bien des égards, il est incarcéré dans de meilleures conditions que d'autres prisonniers pour compenser le fait qu'il n'a pas de contacts avec les autres détenus. On est très loin d'une violation des droits de l'Homme", a estimé le procureur.

"Il est très difficile de savoir combien Breivik est dangereux aujourd'hui et il est encore plus difficile de savoir combien il le sera demain, dans un an ou dans dix ans. Mais ce qui est certain c'est que dans les années qui ont précédé le 22 juillet 2011, il était l'homme le plus dangereux de Norvège", a-t-il déclaré pour justifier son régime carcéral strict.

L'audience reprendra mercredi, mais Anders Breivik ne prendra la parole que jeudi matin. Les trois magistrats de la Cour d'appel devront aussi se prononcer sur un autre point, soulevé par l'extrémiste. En avril, la juge avait donné raison à l'État, qui filtre étroitement le courrier d'Anders Breivik, afin de l'empêcher de former un réseau capable de perpétrer de nouvelles attaques. Lui estime que cela viole l'article 8 de la Convention des droits de l'Homme sur le droit à une vie privée. Le jugement est attendu en février.

Avec AFP