logo

Jared Kushner : l'ascension du gendre idéal au poste de haut conseiller de Trump

En nommant Jared Kushner au poste de haut conseiller du président, Donald Trump n’a pas seulement promu son beau-fils, âgé d'à peine 36 ans, il a également récompensé le travail en coulisse de ce magnat de l’immobilier durant la campagne électorae.

Il a séduit la fille puis le père. Jared Kushner, le mari d’Ivanka Trump, a été nommé haut conseiller par le président élu américain, lundi 9 janvier. Le futur locataire de la Maison Blanche, et bon nombre de médias, considère qu'il a été essentiel à sa victoire. Les démocrates, moins emballés par ce jeune millionnaire et magnat de l’immobilier, ont réclamé, mardi 10 janvier, une audition par le Congrès américain pour s’assurer qu’il n’y a ni conflit d’intérêt ni népotisme dans cette nomination.

Jared Kushner doit en effet beaucoup au cercle familial. Son admission dans le cénacle politique américain a été actée par son beau-père et il a repris les rênes de l’empire immobilier bâti par son père.

La chute du père

Le jeune homme qui vient d’avoir 36 ans (il est né le 10 janvier 1981) est largement redevable à Charles Kushner. Son père, fils de survivants polonais de l’Holocauste, est arrivé aux États-Unis en 1949. Réputé très pieux et grand travailleur, il a rapidement mis sur pied un empire de l’immobilier baptisé Kushner companies valant plus de 2 milliards de dollars. Charles a associé très tôt son fils ainé Jared à son entreprise. Dès l’enfance, il a assisté à des réunions de travail. Il a aussi tout mis en œuvre pour que l’élève Jared – qui ne brillait pas en classe – puisse intégrer la prestigieuse université d’Harvard. Pour ce faire, Charles Kushner a versé un chèque de 2,5 millions de dollars à l’université et fait jouer ses connexions politiques pour que Ted Kennedy intervienne, raconte le New York Magazine dans un long portrait de Jared Kushner, publié en 2009.

Puis vint la chute du père. Une étrange histoire de vengeance familiale et de fraudes qui ont valu à Charles Kushner de passer 16 mois en prison. Il a été condamné, en 2004, pour 18 cas de fraudes fiscales, pour des donations électorales illégales et subornation de témoin. Il a aussi reconnu avoir piégé son frère qu’il détestait avec une prostituée et envoyé à sa sœur une cassette des ébats.

Jared Kushner, alors âgé de 24 ans, a dû prendre les rênes de l’entreprise familiale. L’une de ses premières grandes décisions a été d’acquérir l’hebdomadaire New York Observer – lu par l’élite new-yorkaise – pour dix millions de dollars en 2006. Un achat qui lui a permis de gagner en influence politique. Un an plus tard, il dépense la somme record, à l'époque, de 1,8 milliard de dollars pour devenir propriétaire du 666 Fifth Avenue, un immeuble de bureaux dans lequel il va installer le siège de Kushner companies. Une transaction qui permet à ce résident du New Jersey d’être là où se font les affaires : à New York. Pour Forbes, qui a dressé un portrait dithyrambique du jeune magnat, Jared Kushner est alors passé du statut de riche entrepreneur à personnalité qui compte.

Discret homme d’influence

Le 666 Fifth Avenue se situe aussi à quatre minutes à pied de la Trump Towe. Il a connu Ivanka Trump en 2007 et le couple s'est marié deux ans plus tard après que la fille de Donald Trump a choisi de se convertir au judaïsme pour complaire à la famille de son fiancé.

C’est au contact d’Ivanka et Donald Trump que Jared Kushner – souvent décrit comme lisse, et très discret – a gagné en épaisseur médiatique. Il s'est révélé, au fil de la campagne présidentielle, comme la valeur sûre de l’équipe du candidat Trump et sa cote politique n’a cessé de grimper auprès du futur vainqueur de l’élection présidentielle américaine.

Jared Kushner a  ainsi défini la stratégie internet de son poulain de beau-père, et a écrit plusieurs de ses discours. C’est lui qui a également, d’après le site Politico, convaincu Donald Trump de ne pas nommer le très droitier et sulfureux Stephen Bannon au poste de chef du cabinet de la Maison Blanche, un rôle stratégique dans l’administration présidentielle. Ces détracteurs soutiennent aussi qu’il a tout fait pour que Chris Christie disparaisse de l’équipe de transition. C’est cette figure haute en couleur du Parti républicain qui, alors qu’il était procureur général du New Jersey en 2004, avait poursuivi et fait condamner Charles Kushner. À la faveur de cette campagne, l’aimable gendre idéal a ainsi dévoilé une autre facette de sa personnalité : celle d’homme d’influence qui sait tirer les ficelles en coulisse. Des qualités parfaites pour un haut conseiller de président.