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"La bestialité du système carcéral brésilien"

Au menu de cette revue de presse, mercredi 4 janvier : la démission de l’ambassadeur britannique auprès de l’UE, une mutinerie sanglante dans une prison du nord du Brésil et la rentrée mouvementée du Congrès américain.

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Au menu de cette revue de presse internationale, la démission, hier, de l’ambassadeur britannique auprès de l’Union européenne, à trois mois seulement du probable début du Brexit. «Les partisans du Brexit ont-ils fini par avoir la peau d’Ivan Rogers?», questionne The Independent, expliquant que cette démission est interprétée à Londres et à Bruxelles comme le signe que le Royaume-Uni est en train de s’acheminer vers un «hard Brexit», un divorce abrupt avec l’UE. L’ambassadeur britannique, défavorable au Brexit, était sous pression depuis qu’il avait provoqué la colère des eurosceptiques, confirme The Guardian. Le quotidien précise que ces derniers l’avaient accusé de jouer les oiseaux de mauvais augure lorsqu’il avait prévenu Theresa May que la négociation d’une nouvelle relation avec l’UE pourrait prendre jusqu’à dix ans. Un délai jugé inacceptable par les partisans du Brexit, qui demandent, à l’image du Telegraph, à ce qu’Ivan Rogers soit remplacé par un diplomate favorable à une sortie - rapide évidemment - de l’UE.
Au Brésil, une mutinerie dans une prison de Manaus, dans le nord du pays, a fait 56 morts dans la nuit de dimanche à lundi. Cette rébellion a donné lieu à un bain de sang qualifié par les autorités brésiliennes de «plus grand massacre commis dans une prison en Amazonie». Folha de Sao Paulo rapporte que la moitié des victimes a été décapitée et évoque des scènes d’une violence si insoutenable qu’elles auraient choqué jusqu’aux équipes de secours intervenues sur place. Courrier International évoque un «nouvel épisode dans la guerre qui oppose deux importantes organisations criminelles du pays», le Primeiro comando da capital et le Comando vermelho. Il impliquerait également un allié du Comando vermelho, la Família do Norte, qui aurait la mainmise sur la prison où s’est déroulée la mutinerie, ce qui expliquerait que la plupart des victimes appartiennent au gang rival.
Au-delà de cette guerre des gangs, la presse brésilienne dénonce le manque de moyens de l’administration pénitentiaire. O Globo rappelle que 111 personnes avaient déjà trouvé la mort lors d’un massacre similaire dans une prison brésilienne de l’État de São Paulo, en 1992, et s’indigne des «platitudes» du gouvernement. Selon le quotidien, ce dernier se serait borné à annoncer l’envoi de soldats de la force nationale et un budget supplémentaire pour les prisons, notamment pour y faire installer des scanners, et éviter d’y laisser entrer des armes. «Il faut, explique le journal, un plan d’ampleur qui coordonne les efforts, créer un service de renseignement au sein des prisons, changer la loi, pour que seuls s’y retrouvent ceux qui ont commis des crimes réellement graves, et non les individus appréhendés avec de petites quantités de drogue, et surtout, accomplir l’énorme travail qui aurait dû être fait, pour résoudre ce qui est devenu une urgence nationale».
Interrogé par le site Brasil 24/7, le criminologue Antônio Carlos de Almeida Castro accuse le gouvernement de ne pas prendre la mesure de la «bestialité» du système carcéral brésilien. «Bien sûr, relève-t-il, les autorités pointent du doigt les organisations criminelles. Mais qu’en est-il de leur responsabilité, s’agissant de la présence, dans les prisons, de milliers de détenus en préventive qui n’ont jamais été jugés? Combien de ces noirs, de ces pauvres, de ces milliers de défavorisés, toujours en attente de jugement, qui s’entassent dans les prisons brésiliennes, combien d’entre eux se trouvent-ils parmi les victimes de la mutinerie?», demande-t-il.
Un mot, enfin, de la rentrée mouvementée du Congrès américain. Alors que les parlementaires ont fait leur rentrée hier, les premières heures de cette session ont été passablement agitées, d’après The Washington Post, qui parle d’une «journée de chaos au Capitole». Le journal rapporte que les parlementaires se sont fait remonter les bretelles par Donald Trump, ce qui aurait donné lieu à un rétropédalage en bonne et due forme des élus.
Pour résumer, ces derniers avaient pour projet de voter une réforme destinée à restreindre les prérogatives du Bureau de la déontologie parlementaire - un organisme indépendant et bipartisan chargé d’enquêter sur les allégations d’inconduite éventuellement portées contre des élus, des fonctionnaires ou des assistants parlementaires, ce qui leur a valu ce tweet du président-élu: «Avec tout le travail qui attend le Congrès, avaient-ils vraiment besoin de faire de l’affaiblissement de (cet) office, aussi injuste puisse-t-il être, je le cite, leur première initiative et priorité?». «La chambre des représentants tente de s’en prendre à l’éthique, et se tire une balle dans le pied», ironise The New York Times, évidemment aux première loges pour assister au spectacle des divisions républicaines.
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