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Au menu de cette revue de presse française du mercredi 4 janvier : le procès d’un agriculteur des Alpes-Maritimes, accusé d’avoir facilité le séjour irrégulier d’étrangers, les programmes des candidats socialistes à la primaire et une décision inédite du Parisien.
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À la une de la presse française, ce matin, la comparution aujourd’hui d’un agriculteur de la vallée de la Roya, près de la frontière italienne, pour avoir aidé des migrants venus d’Italie.
Cédric Herrou est accusé d’avoir «facilité le séjour irrégulier d’étrangers en France». Il encourt cinq ans de prison et 30 000 euros d’amende. Mais son cas est cependant loin d’être isolé, d’après le quotidien La Croix, qui est allé à la rencontre de plusieurs habitants de cette vallée ayant eux aussi décidé de porter secours aux étrangers, en toute connaissance de cause. «L’aide aux migrants, jusqu’où?», demande le journal, qui précise que c’est Eric Ciotti, le président Républicains du conseil départemental des Alpez-Martitimes, qui a signalé à la justice l’organisation du «passage clandestin d’étrangers à la frontière franco-italienne» par une «poignée d’activistes» et de «passeurs».
Cédric Herrrou, lui, assume. Oui, reconnaît-il, il a accueilli des migrants, plusieurs centaines, même, depuis le printemps, dont un grand nombre de mineurs. «Quand vous voyez des familles avec des bébés, des mineurs dans les rues en situation d’hypervulnérabilité face aux réseaux en tout genre, vous faites quoi? Vous passez votre chemin?», interpelle-t-il.
Tout comme lui, des dizaines d’habitants de la région invoquent «l’assistance à personne en danger», tout en reconnaissant ne pas pouvoir garder «éternellement» les migrants chez eux. Que dit précisément la loi? L’aide au séjour des étrangers en situation irrégulière obéit à une règlementation complexe. Depuis l’abrogation en 2012 du «délit de solidarité», les poursuites contre les citoyens qui viennent en aide aux migrants sont très encadrées, d’après La Croix, qui explique que seuls ceux qui auraient «facilité» leur entrée sont passibles de poursuites, une «immunité humanitaire» existant, en revanche, pour celles et ceux qui portent «assistance à un étranger» pour lui «assurer des conditions de vie digne», sans but lucratif.
Dans un entretien à l’Humanité, Cédric Herrou assure que c’est l’Etat qui est dans l’illégalité, pas lui. L’agriculteur raconte avoir été arrêté une première fois en août 2016, alors qu’il transportait huit Erythréens dans son véhicule, dont deux femmes et deux enfants. Après 36 heures de garde à vue, il dit avoir été relâché pour «immunité humanitaire», justement. Selon lui, les choses se sont corsées lorsqu’il a décidé d'ouvrir, avec plusieurs associations dont Médecins du monde et la Ligue des droits de l’homme, un lieu d’accueil provisoire. Et lorsqu’il s’est ému du sort réservé à trois mineurs non accompagnés, que les autorités auraient tenté, selon lui, de les renvoyer en toute illégalité vers l’Italie. «Ce que je fais, dit-il, je le base sur l’amour, la compassion, le respect des gens et des valeurs républicaines».
Il est aussi beaucoup question de la primaire de la gauche. À huit jours du premier débat télévisé, Vincent Peillon et Manuel Valls dévoilent leur projet. Pouvoir d’achat, sécurité, éducation, écologie, Europe, «Demandez les programmes», titre 20 minutes. «C’est quoi ta gauche?» demande Libération. Il y en a pour tous les goûts, à en croire le quotidien, qui annonce que les programmes des favoris du PS, Manuel Valls et Vincent Peillon, mais aussi Arnaud Montebourg et Benoit Hamon, «rivalisent tous de propositions sociales». C'est «un camaïeu de rose» qui tantôt «assume le bilan de François Hollande» avec Valls, tantôt propose de le corriger avec Peillon, ou de s’en éloigner avec Montebourg et Hamon. «Les électeurs de la primaire ne peuvent pas se plaindre d’un quelconque unanimisme», assure Libé. Le Figaro, lui, critique «une discussion socialo-socialiste», un «exercice» auquel les Français ne s’intéresseraient plus beaucoup. «C’est toujours flou, il y a toujours un loup», s’agace le journal. «La fameuse 'clarification' dont on parle à gauche depuis une trentaine d’années attendra encore un peu».
L’Opinion s’est intéressé en particulier aux propositions de l’ex-Premier ministre, Manuel Valls. «Valls ne fait plus du Valls», regrette le journal, qui estime que l’ex-chef du gouvernement, devenu candidat, se borne à proposer «un catalogue de mesures classiques, basées sur la dépense publique et la protection du modèle social». «Valls chausse même les charentaises socialistes de toujours: «protection », «lutte contre les inégalités», «dépenses sociales» sont ses mots; celui de «réforme » est éludé, celui d’«urgence climatique» ressuscité », analysent les Echos, qui voient Manuel Valls jouer «l’expérience, sa carte la plus différenciante dans (la) primaire socialiste: lui seul a été Premier ministre; lui seul peut espérer être le Fillon de la gauche, pense-t-il, cet homme classique et solide vers lequel se dirigent les électeurs dans les temps incertains».
Ces temps incertains ont amené Le Parisien à prendre une décision inédite. Le journal annonce qu’il ne commandera plus, désormais, d’enquête d’opinion, pour se concentrer sur le journalisme de terrain. Le journal explique son choix par «le contexte très particulier après le Brexit, l’élection de Donald Trump et l’écrasante victoire de François Fillon à la primaire de la droite et du centre», des événements qui ont valu aux sondeurs et aux médias qui ont diffusé leurs études, de vives critiques sur leur incapacité commune à anticiper les résultats définitifs et à comprendre la société. «Nous ne nous interdirons pas pour autant d’évoquer les études réalisées par d’autres médias», ajoute toutefois le journal.
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