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Une dizaine de groupes rebelles syriens ont suspendu, mardi, leur participation aux futures négociations de paix sous l’égide de Moscou afin de protester contre les multiples violations de la trêve commises par le régime de Bachar al-Assad.

Après quatre jours de trêve, le processus de paix pour la Syrie lancé par Moscou semble déjà à l’agonie. Dénonçant de multiples violations du cessez-le-feu, plusieurs groupes rebelles ont annoncé, mardi 3 janvier, qu’ils suspendaient toute discussion en vue de la conférence de paix parrainée par la Russie.

"Ces violations se poursuivant, les factions rebelles annoncent [...] le gel de toute discussion liée aux négociations d'Astana", ont indiqué lundi une dizaine de groupes rebelles dans un communiqué, au sujet des discussions engagées en vue des prochains pourparlers de paix au Kazakhstan.

En vigueur depuis jeudi minuit, la cessation des hostilités en Syrie – la énième depuis le début de la guerre il y a près de six ans – est supposée ouvrir la voie à des négociations de paix fin janvier à Astana, sous l'égide de Moscou et de Téhéran, les parrains du régime, et d'Ankara, soutien des rebelles.

Le cessez le feu en #Syrie ne remet pas en question la future offensive de l'armée syrienne vers la province d'Idleb.https://t.co/FT2NkN9HeD

— Balanche (@FabriceBalanche) 2 janvier 2017

Mais cette trêve semble de plus en plus fragile, sinon inexistante, face à la poursuite des bombardements du régime sur Wadi Barada, une région tenue par les rebelles à 15 km de Damas. Un secteur d'autant plus stratégique que c'est là que se trouvent les principales sources d'approvisionnement en eau potable pour les quatre millions d'habitants de la capitale et de ses environs.

Intensification des raids

Lundi, les troupes du régime, aidées par des soldats du Hezbollah libanais, ont ainsi avancé jusqu'aux abords d'Aïn al-Figé, une importante source d'eau, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Et "elles ont intensifié leurs bombardements lundi soir", a indiqué l'Observatoire.

Selon Rami Abdel Rahman, directeur de l'OSDH, les combats font rage avec les rebelles, dont le Fateh al-Sham (l'ex Front al-Nosra, Al-Qaïda en Syrie). Les rebelles nient eux la présence dans ce secteur de la filiale d'Al-Qaïda.

Les insurgés soutiennent eux avoir "respecté le cessez-le-feu". "Mais le régime et ses alliés [...] ont commis de fréquentes violations [de la trêve], notamment dans les régions de Wadi Barada et de la Ghouta orientale", toutes deux dans la province de Damas. Et "en dépit des demandes répétées faites à la partie garante du régime [la Russie], ces violations se poursuivent, menaçant la vie de centaines de milliers de personnes", a dénoncé le communiqué des rebelles.

"Toute [avancée] sur le terrain va à l'encontre de l'accord [de trêve] et si les choses ne reviennent pas comme avant, l'accord sera considéré nul et non avenu", ont-ils encore menacé dans leur texte.

Parmi les signataires du communiqué figurent les groupes rebelles islamistes Jaich al-islam et Faylaq al-Rahmane, influents à Damas, de même que le groupe Sultan Mourad, appuyé par la Turquie, et Jaich al-Ezza, actif dans la province de Hama (centre).

Pourparlers soutenus par l'ONU

La Russie avait obtenu samedi un soutien mitigé du Conseil de sécurité de l'ONU à son plan de paix.

En pleine transition politique avant la prise de fonctions de Donald Trump, les États-Unis, soutiens de l'opposition au régime de Bachar al-Assad, n'ont pas été associés à cette dernière initiative, une première depuis le début de la guerre en mars 2011.

Syrie : l'accord de cessez-le-feu ou la spectaculaire réconciliation Poutine-Erdogan.
Mon analyse pour @LePoint.https://t.co/RJHZMqVlJG

— Nicolas Henin (@N_Henin) 29 décembre 2016

En revanche, c'est la première fois que la Turquie parraine un tel accord, grâce à son rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine, qui veut se poser en faiseur de paix après son intervention militaire au côté de Damas en septembre 2015.

Les négociations d'Astana doivent précéder des pourparlers prévus en février à Genève.

Aucune des précédentes discussions intersyriennes n'a permis un début de règlement d'un conflit qui a fait plus de 310 000 morts et des millions de réfugiés.

Avec AFP