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Vidéo : le savon d'Alep "made in France"

Victime collatérale de la guerre en Syrie, le fameux savon d'Alep a trouvé refuge en France, dans une entreprise de la banlieue parisienne. Il y est fabriqué selon la méthode traditionnelle avec l'aide d'un maître savonnier syrien. Reportage.

Dans un entrepôt situé dans la zone industrielle de Santeny (Val-de-Marne), au sud-est de Paris, se dégage un parfum de laurier et d'olive. À l'intérieur, des montagnes de pains de savon achèvent leur maturation. À plus de 3 000 kilomètres de la Syrie, cette usine fabrique des savons d'Alep dans le respect du savoir-faire ancestral.

Blouse blanche sur le dos, Hassan Harastani remue un mélange verdâtre dans un énorme chaudron bouillant. "Pour confectionner le savon d'Alep, on a besoin de trois jours, explique le maître savonnier syrien. Le premier, on prépare l'huile, l'eau et tous les produits avant de tout mélanger". Savant dosage des ingrédients, saponification, coulage, découpe, séchage : tout est fait selon des méthodes vieilles de plus de 3 000 ans. 

Plus que deux usines de savon à Alep

Hassan Harastani, maître savonnier depuis plus de trente-cinq ans, a quitté Alep lorsque la guerre en Syrie a éclaté. Le conflit a détruit presque toutes les fabriques de savons, qui attiraient les touristes du monde entier. "On a quitté notre pays, nos maisons, nos entreprises, nos amis...", soupire-t-il. Avant la guerre, la région d'Alep comptait une cinquantaine d'usines. Aujourd'hui, plus qu'"une ou deux" persistent, selon lui. "J'avais beaucoup de clients en Syrie, mais aussi à l'étranger, en France, en Italie, en Allemagne, dans le Golfe, en Corée du Sud, au Japon, en Chine...", se souvient-t-il.

Aujourd'hui, il a rejoint l'entreprise française "Alepia", créée en 2004. Son patron, Samir Constantini, a d'abord importé le savon depuis la Syrie, avant de se lancer dans la production. "Quand les troubles ont éclaté, je me suis dit que j'aurais peut-être du mal à m'approvisionner, raconte-t-il. J'ai acheté 100 tonnes de savon, en pensant que ça allait suffire. Je ne pensais pas que les troubles allaient continuer jusqu'à aujourd'hui".

"Maintenant, nous fabriquons sur place le savon d'Alep, a ajouté le médecin reconverti dans la cosmétique qui a fait venir Hassan Harastani et sa famille en France. Le lieu change, mais la fabrication reste la même". À la fin de la guerre, le savonnier syrien s'est promis de retourner en Syrie.