
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a vivement réagi après l'adoption au Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution appelant à l'arrêt des implantations en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Indiquant qu'Israël ne s'y conformerait pas.
"Israël rejette cette résolution anti-israélienne honteuse de l'ONU et ne respectera pas ses termes", a fait savoir le Premier ministre Benjamin Netanyahou dans un communiqué publié le vendredi 23 décembre, quelques heures après le vote au Conseil de l'ONU. Pour la première fois depuis 1979, le Conseil de sécurité a exhorté l'État hébreu "à cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation dans les Territoires palestiniens". Il considère que la colonisation est "dangereuse pour la viabilité d'une solution à deux États". Il reprend notamment la position de l'ONU selon laquelle les colonies israéliennes "n'ont pas de valeur juridique".
Le texte a été voté par 14 de ses 15 membres, car les États-Unis se sont abstenus vendredi, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusque là sur ce dossier extrêmement sensible. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a salué vendredi l'adoption de la résolution 2334, y voyant la preuve qu'une solution à "deux États est toujours réalisable".
Il s'agit d'"un grand camouflet" pour Israël, a estimé de son côté Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence palestinienne, parlant "d'une condamnation internationale unanime de la colonisation et d'un fort soutien à une solution à deux États".
Vote accueilli par des applaudissements
Ce dossier international marque la divergence marquée entre l'administration américaine sortante de Barack Obama et le président élu des États-Unis, Donald Trump. Frustrés par des années d'efforts diplomatiques infructueux, la Maison blanche a justifié son abstention par l'impact de la colonisation sur la recherche de la paix au Proche-Orient.
"On ne peut en même temps défendre l'expansion des colonies israéliennes et une solution à deux États [comme le fait Benjamin Netanyahu]", a déclaré l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Samantha Power, après le vote, accueilli par des applaudissements. L'administration Obama avait opposé son veto à une résolution similaire en 2011. Mais cinq ans plus tard, la position du président sortant, qui entretient des relations notoirement exécrables avec Benjamin Netanyahou, faisait l'objet de nombreuses spéculations sur un possible revirement.
"Les choses seront différentes après le 20 janvier"
"Quand ils ont eu connaissance du fait que [l'administration Obama] ne mettrait pas son veto à cette résolution, des responsables israéliens ont pris contact avec des membres de l'équipe de transition de Donald Trump pour demander l'aide du président élu", a affirmé vendredi un responsable israélien sous couvert d'anonymat.
Cette aide s'est matérialisée par un appel à Abdel Fattah al-Sissi, après lequel l'Égypte avait réclamé le report du vote. Après l'adoption du texte vendredi, le nouveau président élu a rapidement cherché à rassurer les alliés israéliens : "Les choses seront différentes à l'ONU après le 20 janvier", date de son entrée en fonctions, a-t-il twitté.
Droit de veto utilisé trente fois
"La résolution adoptée aujourd'hui et la conférence internationale de Paris représentent les deux faces de la même médaille, visant à affirmer notre attachement commun à la solution à deux États", a déclaré l'ambassadeur français aux Nations unies François Delattre. Après l'échec des derniers efforts américains pour relancer le processus de paix en avril 2014, une conférence a été convoquée par la France pour le 15 janvier, afin de réitérer le soutien de la communauté internationale à cette solution.
Les États-Unis avaient jusqu'alors utilisé leur droit de veto trente fois pour bloquer des résolutions concernant Israël et les Palestiniens, selon l'organisation Security Council Report. C'est en 2009, concernant un appel à un cessez-le-feu à Gaza, que les États-Unis s'étaient abstenus pour la dernière fois lors d'un vote au Conseil de sécurité.
En 1979, le Conseil de sécurité avait adopté la résolution 446, considérant comme illégale et comme un obstacle à la paix l'établissement de colonies dans les Territoires palestiniens par Israël. À l'époque déjà, les États-Unis s'étaient abstenus.
Avec AFP